21 mars 2023 · Dans le miroir du passé
Bonjour,
“Pendant que les médecins se débattaient vainement, les femmes prirent en charge les soins quotidiens des malades atteints de la grippe. Peut-être est-ce une autre raison qui explique pourquoi la pandémie de grippe de 1918 n’a pas laissé beaucoup de traces dans les mémoires: ce sont les femmes qui faisaient la majeure partie du travail, travail qui se révélait terriblement difficile et dangereux.”
Avons-nous oublié de commémorer la grippe espagnole parce que les femmes en étaient les héroïnes se demandait Rebecca Onion en 2019 ? Quelle empreinte sensible et culturelle laisse une pandémie ? Pourquoi les historien·nes matérialistes ont-iels eu tendance à minimiser leur importance dans les évènements historiques et le cours de la lutte des classes ? Qui composent la communauté entrepreunariale du négationnisme du SIDA et comment fonctionne-t-elle ? Le “laisser-faire” comme manière de gouverner une pandémie connait-il des précédents ?
Quelques questions approchées dans ces articles que vous pourrez lire entre deux manifestations, trois blocages de périphériques, dans les moments calmes des occupations, ou ailleurs si vous soutenez le soulèvement en cours de plus loin parce que ces lieux vous sont inaccessibles.
Un coup d’oeil dans le rétro pour penser le présent.
Très bonne lecture et
prenons soin de nos luttes,
Cabrioles
Carnet de recherche pour l’Autodéfense Sanitaire face au Covid19
La pandémie de grippe de 1918 a fait des millions de morts. Pourquoi son empreinte culturelle semble-t-elle si ténue ? | Elizabeth Outka, Rebecca Onion
En combinant l'analyse littéraire avec l'histoire de la grippe et les écrits des survivant·es, Elizabeth Outka montre clairement que cette pandémie n'a pas été "oubliée", mais qu'elle est simplement passée dans la clandestinité.
Scientifiques héros, Gourou-entrepreneurs, Icônes vivantes et chanteurs de louanges : le négationnisme du SIDA comme communauté | Nicoli Nattrass
Le lien entre le négationnisme du SIDA et les médecines alternatives est incarné par ce que j'appelle les "gourou-entrepreneur·ses". Les gourou-entrepreneur·ses utilisent le négationnisme du SIDA et les théories conspirationnistes qui y sont liées pour saper la crédibilité des traitements antirétroviraux, un dispositif marketing pratique pour leurs thérapies alternatives. Jusqu'à récemment, les chercheur·euses et les militant·es de la lutte contre le sida avaient tendance à considérer les négationnistes avec dérision, pensant qu'iels allaient disparaître. Malheureusement, ce n'est pas le cas.
La Société Malade | Kathryn Olivarius, Malcolm Harris
L'immunocapitalisme est un système de domination de classe dans lequel les élites de la Nouvelle-Orléans ont utilisé la fièvre jaune et les destructions qu'elle a entraînées pour diviser et soumettre les masses, tant noires que blanches. Ainsi, les personnes qui contrôlent la sphère commerciale et citoyenne, les riches planteurs blancs, les marchands, les politiciens, en sont venues à considérer la maladie non pas nécessairement comme une malédiction, mais comme une sorte de bénédiction.
Pandémie et conflits de classe dans l'Empire byzantin | Peter Sarris
L'aveuglement face à l'importance d'événements extérieurs tels que la peste a toujours été l'une des grandes faiblesses de l'approche historique matérialiste. Dans son ouvrage Le dix-huit Brumaire de Louis Bonaparte, Karl Marx a écrit que "Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement, dans les conditions choisies par eux.". Comme nous le rappelle l'ère de Justinien, ces circonstances ont toujours inclus les conditions épidémiologiques avec lesquelles l'humanité a été obligée de composer.
Re/Lire
Événements toxiques aéroportés | Ben Ehrenreich
Les responsables chargés de préserver la santé publique à l'échelle nationale et mondiale ont laissé la pandémie se propager pendant plus d'un an avant d'autoriser la publication d'un compte rendu de la transmission du virus qui soit conforme aux preuves scientifiques dominantes. La transmission par aérosol n'a jamais été une simple question médicale.
Les malades, expert·es de la maladie | Act Up-Paris
Notre revendication d’un droit d’ingérence dans les processus de recherche se fonde à la fois politiquement et scientifiquement. Elle se fonde politiquement sur le fait de transformer enfin le rapport des malades à la recherche médicale : rappeler sans cesse aux chercheur·euses et aux médecins que les malades doivent être le seul horizon de leurs travaux ; leur rappeler que la recherche médicale n’a pas a céder au mythe de la « science désintéressée » puisqu’elle est au contraire éminemment « interessée » et que c’est aux malades de définir et de préciser cet intérêt. Les activistes sida ont ainsi contribué et contribuent encore, par leurs interventions, à modifier les procédures scientifiques, en les assortissant de considération éthiques, sociologique et politiques.