Pandémie et conflits de classe dans l'Empire byzantin | Peter Sarris
L'aveuglement face à l'importance d'événements extérieurs tels que la peste a toujours été l'une des grandes faiblesses de l'approche historique matérialiste. Dans son ouvrage Le dix-huit Brumaire de Louis Bonaparte, Karl Marx a écrit que "Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement, dans les conditions choisies par eux.". Comme nous le rappelle l'ère de Justinien, ces circonstances ont toujours inclus les conditions épidémiologiques avec lesquelles l'humanité a été obligée de composer.
Peter Sarris est professeur de l'Antiquité tardive, du Moyen Âge et des études byzantines à l'université de Cambridge. Il est notamment l'auteur de Economy and Society in the Age of Justinian et Byzantium : A Very Short Introduction.
· Cet article fait partie de notre dossier Dans le miroir du passé du 21 mars 2023 ·
La pandémie de COVID-19 a ravivé l'intérêt pour les moments de l'histoire mondiale où la propagation catastrophique d'une maladie a eu des ramifications sociales majeures. L'impact de la peste noire en Europe est peut-être l'exemple le plus connu. Après que la peste eut décimé une grande partie de la population du continent, la seconde moitié du XIVe siècle a été marquée par une recrudescence des conflits de classe, l'élite des propriétaires terriens tentant de maintenir sa position face à la pénurie de main-d'œuvre et aux révoltes populaires.
Toutefois, ce n'était pas la première fois qu'une pandémie destructrice perturbait l'ordre social. Au cours du sixième siècle de notre ère, l'Empire romain d'Orient ou Empire byzantin a été ravagé par une vague de peste bubonique bien antérieure. Une période de troubles sociaux et politiques intenses avait suivi cette catastrophe biologique dans ce qui était alors de loin l'État le plus grand et le plus puissant des terres de l'Europe moderne et du Moyen-Orient.
Pour de bonnes raisons, la période du sixième siècle connue sous le nom d'" Ère de Justinien " a récemment été au cœur des débats sur l'impact socio-économique des maladies et leur fonction dans les processus de changement historique. Un examen plus approfondi de cette période peut nous aider à comprendre le rôle des pandémies et d'autres événements désastreux, tels que les catastrophes naturelles et le changement climatique, ont joué dans le cours de l'histoire.
L'Ère de Justinien
L'Empire romain d'Orient est plus connu sous le nom d'Empire byzantin, ou simplement de Byzance. Cependant, ses dirigeants se sont décrits comme des "Romains" après la désintégration de la partie occidentale de l'empire au Ve siècle de notre ère, jusqu'à ce que les Ottomans s'emparent finalement de Constantinople en 1453 et en fassent la capitale de leur État. Le terme "Byzance" a été forgé par des historiens plus tardifs.
Dès son accession au trône impérial de Constantinople en 527, l'empereur Justinien a lancé un programme majeur et sans précédent de reconstruction et de renouvellement de l'empire. Présidant un empire qui s'étendait sur l'ensemble de la Turquie, de la Syrie, d'Israël, de la Palestine, de la Jordanie et de l'Égypte modernes, ainsi que sur la Grèce et une grande partie de la péninsule balkanique, Justinien a remanié l'ensemble du système juridique de l'empire. Ce projet fut pratiquement achevé en 534, date à laquelle Justinien entreprit de reconfigurer le cadre fiscal de l'empire et l'administration provinciale.
La nécessité pour l'administration de Justinien d'assurer une collecte plus efficace des impôts à cette époque s'explique par deux facteurs principaux. Tout d'abord, depuis le début du sixième siècle, l'Empire romain d'Orient était en conflit avec son grand rival, l'Empire sassanide de Perse, qui régnait sur une grande partie de l'Irak et de l'Iran modernes. Afin de soutenir l'armée en campagne et d'investir dans l'infrastructure défensive de l'empire, les autorités impériales de Constantinople devaient maximiser les recettes fiscales à leur disposition.
Deuxièmement, depuis la fin du quatrième siècle, la société impériale était de plus en plus dominée par les membres d'une nouvelle élite bureaucratique et militaire, qui formaient le noyau d'une aristocratie impériale de service émergente. Les membres les plus éminents de cette élite remplissaient les rangs du Sénat de Constantinople, qui s'attendait à être consulté sur les questions de politique. Au niveau local, les membres de cette aristocratie s'étaient constitué des portefeuilles de propriétés de plus en plus importants et utilisaient leurs relations et leur prestige pour éviter et détourner les impôts impériaux qu'ils étaient souvent censés percevoir et dont l'État dépendait.
L'opinion notoirement exprimée par la magnat américaine de l'immobilier Leona Helmsley, "nous ne payons pas d'impôts ; seules les petites gens en paient", aurait été bien accueillie dans la Constantinople du sixième siècle. L'empereur, dont la propre famille était d'origine relativement modeste, était déterminé à ce que cette évasion fiscale cesse et que les membres prétentieux de l'élite byzantine soient remis à leur place.
Dans le même temps, Justinien a lancé une série de guerres agressives et opportunistes contre les voisins de l'empire à l'ouest, où des royaumes autonomes dirigés par des "barbares", comme les Romains les appelaient, avaient émergé au cours du cinquième siècle de notre ère. En 534, ses armées ont conquis le riche royaume Vandale d'Afrique du Nord, tandis qu'en 535, les forces impériales ont entamé la reconquête de l'Italie, qui a été en grande partie placée sous le contrôle impérial en 540, lorsque le général de Justinien, Bélisaire, est entré dans la capitale du régime ostrogoth à Ravenne. La période allant de 527 à 540 a donc été marquée par un triomphe impérial sans pareil.
La peste de Justinien
Dès le début des années 540, cependant, les choses ont commencé à se gâter, les exigences de la guerre simultanée à l'est et à l'ouest devenant de plus en plus difficiles à satisfaire. En particulier, au cours de l'année 541, l'empire a été frappé par une importante épidémie de peste bubonique. Arrivée sur le territoire impérial depuis l'Afrique de l'Est via la mer Rouge, la peste s'est rapidement étendue à l'Égypte, à la Palestine et à la Syrie.
En 542, elle avait atteint Constantinople : il est possible que la moitié de la population de la ville ait été décimée au cours des trois ou quatre mois où la maladie a atteint son apogée. La pandémie s'est rapidement étendue à une grande partie du monde méditerranéen et au-delà, prélevant un tribut cumulatif sur la population de l'empire au fur et à mesure des vagues répétées de la maladie, du milieu du sixième siècle jusqu'au milieu du huitième siècle au moins.
La peste bubonique du sixième siècle, connue sous le nom de "peste justinienne" ou "peste de Justinien", est décrite en détail dans un certain nombre de récits de témoins oculaires ainsi que dans des textes juridiques contemporains. Ces sources montrent que la peste n'a pas seulement entraîné des pertes humaines massives, mais qu'elle a également exacerbé les défis fiscaux et militaires auxquels l'empire était confronté. Au cours des décennies qui ont suivi, de nombreuses réformes internes de Justinien ont été annulées, et une grande partie des efforts déployés par ses généraux pour reconquérir les territoires occidentaux perdus jusqu'alors se sont avérés infructueux.
En effet, au début du septième siècle, les tensions sociales et économiques croissantes au sein de l'empire ont abouti à une guerre civile qui a ouvert la voie aux armées perses, puis arabes, qui ont conquis l'Égypte, la Syrie et la Palestine, forçant l'empire à revenir à une position défensive. L'époque de Justinien présente donc un exemple exceptionnellement dramatique d'expansion impériale et d'effondrement subséquent, auquel la peste a probablement contribué de manière déterminante.
Grâce à des preuves génétiques provenant de sites funéraires du sixième siècle, nous savons aujourd'hui que la forme de peste bubonique qui a frappé Byzance à cette époque était étroitement liée à celle qui a provoqué la peste noire en Europe au quatorzième siècle. Ses conséquences ont probablement été tout aussi dévastatrices.
L'attention récemment accordée à l'ère de Justinien dans les discussions sur l'impact des pandémies historiques est donc tout à fait justifiée. Il est peut-être plus surprenant que cette période n'ait pas occupé une place plus importante dans ces débats par le passé. Il y a, selon moi, deux raisons principales à cette négligence comparative.
Perspectives sur l'Antiquité tardive
La première concerne les cadres d'interprétation que les chercheur·euses appliquent dans leur travail. La période allant du quatrième au septième siècle de notre ère, que les historien·nes appellent "l'Antiquité tardive", a fait l'objet d'un intérêt historique croissant au cours des cinquante dernières années. Cet intérêt a été largement inspiré par la remarquable érudition de l'historien d'origine irlandaise Peter Brown. La brillante étude de Brown, The World of Late Antiquity, publiée en 1971, a contribué à renouveler la compréhension de l'époque par les chercheur·euses.
Les travaux de Brown ont constamment (et à juste titre) mis l'accent sur l'énorme créativité culturelle de ce qui avait jusqu'alors été considéré comme une ère de torpeur et de déclin. Par conséquent, la plupart des ouvrages rédigés dans le sillage de Brown ont délibérément cherché à "accentuer le positif". Il s'agit d'une approche qui a inévitablement beaucoup de mal à prendre en compte les récits de mort de masse et d'un effondrement démographique probablement sans précédent.
Outre l'"optimisme" inhérent à nombre des travaux inspirés par Brown, l'historiographie de la période a également été fortement influencée par un ensemble de travaux d'historien·nes marxistes. Ces auteur·ices partaient du principe que seule la lutte des classes générée de l'intérieur pouvait fournir une explication satisfaisante des processus de changement historique.
Les facteurs exogènes tels que la peste ou les changements climatiques soudains, pour lesquels nous disposons également de preuves considérables pour les décennies 530 et 540, ont toujours été exclus des récits se réclamant "matérialistes historiques" de l'Antiquité tardive et du haut Moyen Âge en général, et de Byzance en particulier. Cette dernière a fait l'objet de nombreux travaux de la part d’historien·nes soviétiques, contraint·es d'opérer dans le cadre d'une surveillance et d'un contrôle officiels très stricts qui les empêchaient d'aborder la question de la maladie.
Le deuxième facteur, plus important, qui explique la relative inattention des historien·nes à l'égard de la peste de Justinien concerne les sources avec lesquelles les historien·nes doivent travailler. La quantité de preuves relatives aux conditions sociales et économiques qui subsistent entre le sixième et le huitième siècle est considérablement plus faible que celle qui subsiste à l'époque de la peste noire. Cela signifie que les historien·nes qui sont enclin·es à minimiser l'impact des pandémies passées sur les processus de changement historique peuvent s'en tirer plus facilement lorsqu'il s'agit de la période antérieure que de la période postérieure.
De nos jours, aucun historien sérieux n'essaierait d'écrire une histoire de l'Europe aux XIVe et XVe siècles en ignorant la peste noire. Pourtant, un certain nombre d'historien·nes important·es de l'Antiquité tardive et du haut Moyen Âge ce sont satisfait·es de passer sous silence la peste de Justinien.
Le résultat combiné de ces héritages historiographiques a été un refus prononcé de la part de nombreux·ses chercheur·euses sur le VIe siècle de prendre les pestes au sérieux. Bon nombre des études récentes sur la peste de Justinien ont été guidées avant tout par le désir de nier l'importance du phénomène et de mettre l'accent sur la soi-disant "résilience" des États et des sociétés qui ont été confrontés à la maladie.
La "résilience" est actuellement l'un des termes les plus galvaudés dans le domaine de l'histoire et des sciences sociales. En général, cela revient à dire qu'une forme particulière de sinistre - guerre, changement climatique, pandémie ou tout autre sujet traité - n'a pas complètement détruit la société historique concernée. Aussi peu utile que soit cette approche, nous devons néanmoins reconnaître que la réponse de l'État romain d'Orient à la peste fut incontestablement d'une remarquable clarté.
L'impact de la peste
L'Empire romain d'Orient, à l'époque de Justinien, était probablement l'État le plus puissant à l'ouest de la Chine au moment où la peste a frappé pour la première fois. Il disposait d'un système fiscal unifié et récemment amélioré, d'un cadre bureaucratique solide et d'une économie agricole et commerciale florissante. Elle possédait également une grande unité idéologique, centrée sur l'idée d'empire, la fonction d'empereur et la ville impériale de Constantinople ( définie par un discours chrétien de plus en plus totalisant). Les autorités impériales se trouvaient donc en position de force lorsqu'elles tentèrent de répondre à la crise.
Les sources juridiques contemporaines et les récits de témoins oculaires que nous possédons, par exemple, montrent comment le gouvernement a introduit une série de mesures de crise pour tenter de résoudre les problèmes immédiats posés par les événements de mortalité massive. À Constantinople, on s'est efforcé de compter le nombre de morts et un fonctionnaire spécial a été nommé pour s'occuper de l'élimination des cadavres dont le nombre augmentait de façon spectaculaire.
L'administration de Justinien a introduit des réformes pour soutenir ce que nous pourrions appeler le secteur bancaire de l'économie impériale, qui jouait un rôle important dans la collecte des impôts. Les prêteurs ont ainsi pu recouvrer plus facilement les dettes auprès des héritier·es des personnes décédées lors de la pandémie. En outre, la teneur en métal de la monnaie impériale a été ajustée pour compenser un manque à gagner dans les recettes de l'État.
Les autorités ont également tenté d'imposer un contrôle des prix et des salaires. Les perturbations économiques causées par la peste et les pénuries de main-d'œuvre localisées qu'elle a inévitablement provoquées ont entraîné la disparition des produits de base sur les marchés, tandis que les travailleur·euses et les artisan·es réclamaient des salaires plus élevés.
En particulier, le gouvernement impérial mettait tout en œuvre pour que les terres agricoles - base principale du système fiscal - continuent d'être exploitées et que les impôts continuent d'être payés. Les terres laissées à l'abandon ou sans habitant·es étaient automatiquement attribuées aux propriétaires terriens locaux et aux communautés villageoises.
L'historien contemporain Procopius s'est plaint que Justinien ait refusé d'effacer les dettes fiscales des propriétaires terriens, en dépit du fait que la plupart de leurs ouvriers agricoles étaient morts. Les preuves documentaires qui subsistent montrent clairement que Justinien a considérablement augmenté les taux d'imposition sur les propriétés foncières entre les années 540 et 560, bien qu'il ait promis auparavant que de telles augmentations d'impôts ne seraient pas nécessaires si tout le monde payait sa juste part.
Il semblerait que ces initiatives aient contribué à stabiliser l'État byzantin alors qu'il était secoué par l'apparition soudaine de la peste. Les tentatives de l'empereur pour assurer la continuité de la culture des terres, en particulier, ont peut-être été facilitées par le fait qu'il semble y avoir eu une relative surabondance de main-d'œuvre dans la campagne de l'Antiquité tardive, juste avant que la peste ne frappe.
Catastrophe, conflit et classe
Cependant, ce succès s'est fait au prix de tensions sociales croissantes. Comme nous l'avons mentionné plus haut, les preuves juridiques montrent que de nombreu·ses travailleur·euses et artisan·es ayant survécu à la peste ont réagi en réclamant avec succès des salaires plus élevés. D'autres preuves suggèrent que les paysans et les agriculteurs qui louaient des terres au gouvernement, à l'Église impériale et aux membres de l'aristocratie ont également exigé des loyers plus bas, et que ces demandes ont également été acceptées.
Par conséquent, ceux qui ont le plus souffert de la crise économique des années 540 et 550 sont probablement les membres de l'élite des propriétaires terriens de l'empire. Il s'agissait d'une couche sociale avec laquelle les relations de Justinien n'avaient jamais été bonnes, et dont les membres se trouvaient désormais coincés entre les exigences de l'État et celles de leurs employé·es. Une grande partie de la littérature qui subsiste de cette période (comme les écrits de Procopius) est très critique à l'égard de Justinien et de son régime. Cette hostilité reflète sans doute l'amertume et l'anxiété de ce "milieu sous pression" du jeune monde byzantin.
En 565, Justinien meurt enfin, au grand soulagement de son entourage. Son successeur, son neveu Justin II, s'est efforcé de construire des ponts avec les membres de l'élite impériale. Bien que Justin se soit plaint d'avoir trouvé, lors de son accession au trône, le trésor impérial "accablé de nombreuses dettes et se dirigeant vers un dénuement total", le nouvel empereur a néanmoins accepté d'abaisser les taux d'imposition et d'effacer les dettes fiscales de l'élite.
Il a également démantelé les réformes provinciales de Justinien en décrétant que, dorénavant, les gouverneurs impériaux seraient élus par les propriétaires terriens provinciaux au lieu d'être envoyés par la capitale pour réprimer leurs abus. Dans le même temps, le gouvernement impérial, les propriétaires terriens et les institutions foncières telles que l'Église ont uni leurs efforts pour réduire les gains en termes de niveau de vie que les travailleur·euses avaient obtenus dans le sillage initial de la peste au cours des années 540.
Le résultat inévitable de cette ère de réaction aristocratique a été la montée des conflits sociaux sur les terres du Proche-Orient romain. Cette situation a contribué à la guerre civile et à l'effondrement de l'Empire au début du VIIe siècle. Les soldats de l'armée impériale sont de plus en plus hostiles aux efforts déployés par l'État à court d'argent pour réduire leur solde, tandis que les émeutes et les conflits entre factions se répandent simultanément dans les villes de l'empire.
L'héritage de la peste
La peste de Justinien n'a pas détruit l'État romain d'Orient (et personne n'a jamais prétendu qu'elle l'avait fait). Cependant, la pandémie et la manière dont les gens y ont réagi ont contribué à exacerber les tensions sociales et économiques préexistantes au sein de l'empire, ce qui a contribué à le déchirer au cours du siècle suivant.
Comme je l'ai mentionné, les discours visant à nier l'importance de la peste sont souvent le fait d'historien·nes issu·es de la tradition marxiste ou formé·es par elle. Pourtant, ces travaux détournent l'attention du rôle clé joué par les luttes économiques et les animosités de classe dans l'effritement de l'empire au début du septième siècle, lorsque les crises externes de la guerre, du changement climatique et de la maladie se sont combinées aux tensions internes au cœur de la société de l'Antiquité tardive.
L'aveuglement face à l'importance d'événements extérieurs tels que la peste a toujours été l'une des grandes faiblesses de l'approche historique matérialiste. En prenant la peste au sérieux, les historien·nes de l'époque de Justinien qui souhaitent revendiquer les éléments du matérialisme historique qui peuvent encore nous aider à expliquer le passé peuvent enfin cesser d'essayer de soutenir l'insoutenable et replacer les luttes de classes au cœur de leur analyse, là où elles doivent l'être.
Dans son ouvrage Le dix-huit Brumaire de Louis Bonaparte, Karl Marx a écrit que "Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement, dans les conditions choisies par eux.". Comme nous le rappelle l'ère de Justinien, ces circonstances ont toujours inclus les conditions épidémiologiques avec lesquelles l'humanité a été obligée de composer.
Il est temps pour les historien·nes progressistes d'abandonner le "déni de la peste" et de revenir à l'étude des classes sociales. L'analyse des classes a encore beaucoup à nous apprendre sur les mondes "anciens" et "médiévaux", tout comme les tensions de classe restent au cœur de nombreuses luttes politiques dans le monde d'aujourd'hui.
Publication originale (28/09/2022) :
Jacobin
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