La Grande Convergence Italienne | Giovanni Savino
Les tentatives de construction d'un mouvement antivax de masse imprégné d'influences néo-fascistes se sont peut-être enlisées, mais il serait erroné de penser que la bataille a été perdue : la véritable lutte est menée sur le plan des idées et de l'hégémonie culturelle, où un profond sentiment illibéral, anti-scientifique et conspirationniste continue de gagner du terrain en Italie grâce au chevauchement entre les néo-fascistes, les national-populistes et les covionégationnistes.
Giovanni Savino est historien, spécialiste du nationalisme russe au XXe siècle et des représentations du passé dans la Russie d'aujourd'hui. Il a enseigné à l'Académie présidentielle russe, à l'université pédagogique de Moscou et à l'université financière russe. Il est actuellement professeur invité d'histoire de l'Europe de l'Est à l'université de Parme. Son dernier ouvrage est Il nazionalismo russo, 1900-1914 : identità, politica, società (Federico II University Press, 2022).
La pandémie a eu sur le monde des effets d'ampleur, avec des conséquences à moyen et long terme pour la politique, la société et l'économie qui restent imprévisibles. En Italie, pays frappé avec une virulence extrême par le COVID-19, ses effets dévastateurs se sont manifestés dans différents domaines. Après des premières semaines marquées par une anxiété de masse et les craintes de contagion, des protestations contre les mesures de protection et de prévention ont commencé, conduisant à la formation d'alliances sans précédent entre différents acteurs de droite. Les organisations d'extrême droite se sont immédiatement emparées de la critique du confinement, ainsi que des manifestations anti-masques et anti-vaccins qui ont suivi, dans le but de conquérir l'hégémonie parmi les mécontents. Elles ont également imité les actions menées dans d'autres pays, comme les États-Unis et l'Allemagne, en reprenant les théories conspirationnistes et les slogans de ces contextes et en les adaptant à la situation locale.
Toutefois, il faut identifier les particularités nationales dans l'élaboration de cette stratégie : l'extrême droite italienne a une tradition centenaire et des liens importants avec les cercles de la droite parlementaire national-populiste. J'utilise ici le terme national-populisme pour désigner la Lega et Fratelli d'Italia, car ces deux partis (davantage la Lega que Fratelli d'Italia) utilisent des idées illibérales, populistes et xénophobes et sont prêts à accéder au pouvoir dans le cadre d'une coalition gouvernementale. Je réserve le terme de néofascisme à Forza Nuova et CasaPound, qui restent à la fois plus radicaux dans leurs idées et plus marginaux politiquement. Bien sûr, la Lega et Fratelli D'Italia ont tous deux de profondes racines fascistes : ce dernier est issu de l'Alliance nationale post-fasciste, qui était elle-même l'héritière du parti néo-fasciste Movimento Sociale Italiano (MSI, Mouvement social italien, qui a existé de 1946 à 1995), tandis que la Lega avait un programme sécessionniste jusqu'en 2014, lorsque Matteo Salvini a commencé la "nationalisation" du parti.
Cet article analyse la campagne pandémique de l'extrême droite italienne et explore la manière dont la crise sanitaire a entraîné la convergence de différents mouvements et organisations. Les partis néofascistes ont été rejoints par les Gilet Arancioni, anciennement mouvement Forconi (Fourches), dirigé par l'ancien général des carabiniers Antonio Pappalardo. Mon analyse s'étend également aux deux partis nationaux-populistes présents au Parlement italien (la Lega de Matteo Salvini et Fratelli d'Italia de Giorgia Meloni) pour souligner leurs points de coïncidence et leurs différences avec la rhétorique néofasciste sur le COVID-19 et les mesures de prévention. Je donne également quelques indications sur la convergence, encore une fois sans précédent, entre la sphère nationale-populiste et les critiques de gauche du biopouvoir. En conclusion, j'avance l'hypothèse que le nouveau gouvernement, dirigé par l'ancien gouverneur de la Banque centrale européenne Mario Draghi avec des ministres de la Lega, représente un nouveau moment décisif à la fois pour la droite nationale-populiste, qui est divisée sur la question de savoir s'il faut ou non soutenir le nouveau gouvernement, et pour les milieux néo-fascistes, qui y voient la preuve de l'existence d'une conspiration mondiale.
Dénoncer la "dictature sanitaire"
Les mesures prises par l'Italie pour prévenir et contenir l'épidémie de coronavirus ont eu des effets contradictoires. Dans un contexte particulièrement dramatique, avec 126 690 décès au 9 juin 2021 et plus de 4 millions d'infections, le refus d'adopter des solutions d'urgence aurait pu entraîner un bilan encore plus lourd. La fermeture des frontières, l'isolement à l'intérieur du pays et l'arrêt de facto de la mobilité ont cependant produit un contrecoup important. Dans un pays qui, au cours des deux premières décennies du XXIe siècle, avait connu une croissance spectaculaire du tourisme et des activités qui y sont liées, l'arrêt soudain de cette source de revenus a eu un impact considérable sur la vie d'un segment important de la population. Ce n'est pas un hasard si les restaurateurs, les hôteliers et les propriétaires de lieux publics ont protesté contre ces mesures, en particulier à partir de la fin du printemps 2020.
Au cours des trois premiers mois de la pandémie, au printemps 2020, la peur de la contagion et un certain traumatisme étaient omniprésents, de sorte que même les déclarations souvent contradictoires de Salvini1 contre les mesures de protection n'était pas consensuelles. Le pays semblait prêt à accepter les mesures de confinement du gouvernement dirigé par Giuseppe Conte et composé du Parti démocrate, de LeU (Libres et égaux, un bloc électoral de gauche) et du Mouvement 5 étoiles. Outre Salvini, Matteo Renzi, leader d'Italia Viva et critique du gouvernement Conte, militait également pour un déconfinement rapide2, contre les recommandations du Comité scientifique technique, un organe du ministère de la Santé chargé de proposer des options sanitaires au gouvernement.
Les premières voix conspirationnistes sont apparues très tôt, à la fin du mois de mars 2020. Les exemples de récits et d'actions d'extrême droite contre le confinement provenant des États-Unis ont eu une certaine influence, mais la première hypothèse conspirationniste avancée en Italie avait une origine endogène. Un extrait de 2015 d'une émission d'information scientifique, TG Leonardo, diffusée sur la chaîne de télévision Rai Tre, a été diffusé par l'extrême droite via le réseau social russe VK (VKontakte, l'équivalent russe de Facebook) et WhatsApp le 24 mars 20203, puis est devenu viral, étant même partagé par Matteo Salvini sur Twitter et Facebook. Le reportage télévisé, citait un article paru dans Nature et parlait de la glycoprotéine spike SHC014, qui appartient au coronavirus de chauve-souris "Rhinolophus". Ce coronavirus n'a aucun lien avec le SARS-COV-2019, mais la similitude des termes a contribué à la création d'un récit conspirationniste. Le 25 mars, sur Twitter, Salvini citait la vidéo comme preuve de la théorie selon laquelle le virus avait été créé en laboratoire : " D'après Tgr Leonardo (Rai Tre) du 16 novembre 2015, reportage sur un supervirus pulmonaire Coronavirus créé par les Chinois avec des chauves-souris et des souris, très dangereux pour l'homme (avec les problèmes qui y sont liés). La Lega pose une question urgente au Premier ministre et au ministre des Affaires étrangères"4 Les retweets de Salvini et de la dirigeante de Fratelli d'Italia Giorgia Meloni5 ont accéléré la propagation de cette fake news sur les réseaux sociaux, suscitant une indignation internationale.
Dès lors, l'extrême droite italienne a consciemment fondé sa stratégie sur la diffusion de théories conspirationnistes sur le COVID-19 et sur l'opposition à tout type de mesures restrictives, du confinement aux obligations de port de masques. Parallèlement à l'extrême droite, un type particulier de national-populisme italien s'est consolidé pendant la pandémie à travers la figure du général des carabiniers à la retraite Antonio Pappalardo. Dès le début des années 1990, Pappalardo a tenté par divers moyens de devenir un homme politique. En 1992, il a été élu au parlement en tant que membre du PSDI (Parti social-démocrate italien), qui a disparu peu de temps après. Entré dans le gouvernement d'union nationale dirigé par le futur président de la République, Carlo Azeglio Ciampi, Pappalardo est contraint de démissionner après avoir été condamné pour diffamation à l'encontre du commandant général des carabiniers de l'époque, Antonio Viesti. C'est alors que Pappalardo a commencé à fonder une suite de petits partis et d'organisations qui cherchaient à se greffer sur différents mouvements de protestation. En 2013, l'ancien général fait partie du mouvement Forconi, qui proteste contre le gouvernement et est infiltré par des forces néo-fascistes et national-populistes6.
Le carabinier à la retraite a toujours eu une passion pour les proclamations et les programmes. Dès 2000, il est accusé de tentative de coup d'État pour un document rédigé à la tête du COCER, l'Union des carabiniers, dans lequel il préconise une série de réformes constitutionnelles plaçant l'armée au centre du pouvoir, un modèle inspiré du Chili de Pinochet, et limitant la démocratie, et il est contraint de démissionner7. Pappalardo n'a jamais abandonné l'idée que les militaires ont un rôle politique actif à jouer en tant que gardiens de l'État et de l'intégrité nationale, et qu'ils devraient donc jouir d'une position privilégiée et dominante ; en fait, c'est un thème récurrent dans ses diverses initiatives politiques. En décembre 2013, à l'occasion de l'une de ses initiatives dans un cinéma de Rome, l'ancien général annonçait ceci :
Ensuite, avec une délégation du Peuple, de Nous-mêmes et de la Nation Fédérale, nous chasserons les criminels qui se prétendent politiciens par acclamation populaire ! Nous nous présenterons devant les palais du pouvoir avec des carabiniers, des policiers, des douaniers et des militaires, qui nous aideront à faire respecter la Constitution, l'arrêt de la Cour constitutionnelle et l'ordre d'expulsion contre ces politiciens délégitimés.8
Des tentatives d'attaques contre des parlementaires ont suivi en 2016-17, lorsque, à la tête d'une nouvelle formation appelée Mouvement italien de libération, Pappalardo a d'abord tenté d'arrêter l'ancien député de Forza Italia Osvaldo Napoli9, puis a organisé une manifestation sur la place Montecitorio, où se trouve la Chambre des députés, au cours de laquelle l'un des principaux dirigeants du Mouvement 5 étoiles, Alessandro Di Battista, a été interpellé10.
La pandémie a représenté une opportunité nouvelle pour l'ancien général et son jeune mouvement Gilet Arancioni, une tentative d'imiter le succès des Gilets Jaunes français. Le 30 mai 2020, les Gilet Arancioni, Forza Nuova, CasaPound et d'autres petites organisations néofascistes ont organisé des manifestations dans certaines villes italiennes : Pappalardo et ses partisans ont occupé une place à Milan, tandis que CasaPound et Forza Nuova ont fait de même à Rome. Le rassemblement de Pappalardo sur la Piazza del Duomo a attiré quelques centaines de participants, qui n'ont respecté aucune des mesures imposées pour lutter contre le COVID-19. (En effet, Pappalardo lui-même a refusé à plusieurs reprises de porter un masque, affirmant qu'il se soucie de sa santé et accusant le masque d'être à l'origine d'infections pulmonaires non spécifiées)11. Au cours du rassemblement, le leader des Gilet Arancioni a expliqué ses théories personnelles sur la propagation du coronavirus, affirmant qu'elle avait été facilitée en Lombardie par les antennes 5G.
La manifestation dans la capitale, d'une ampleur similaire, s'est caractérisée par la présence de groupes néofascistes et s'est appelée "Marche sur Rome", une référence sans équivoque à la prise de pouvoir de Benito Mussolini en 1922. Comme à Milan, de nombreux récit conspirationnistes ont été éntendus lors de la manifestation de Rome, par exemple "le coronavirus est un projet politique, économique et social parce qu'ils veulent nous vendre à la Chine, à Di Maio [ministre des affaires étrangères et chef du Mouvement cinq étoiles - GS], d'abord en nous faisant vacciner et en recueillant des données sur nous. Le virus n'existe pas, voilà pourquoi nous ne portons pas de masque, et pendant ce temps, les gens meurent de faim"12.
La dite "dictature sanitaire" est rapidement devenue le nouvel ennemi, s'ajoutant à d'autres théories conspirationnistes. L'incohérence logique du conspirationnisme permet l'adaptation et l'amalgame de voix, d'interprétations fausses et de positions contradictoires, fournissant un récit prêt à être consommé et utilisé. Dès le 9 avril 2020, dans un tweet contre Giuseppe Conte et l'Eurogroupe, qui avait décidé d'activer le Mécanisme européen de stabilité (MES), Matteo Salvini a utilisé le terme de "dictature au nom du virus" :
La dictature extra-légale approuvée par le MES au nom du virus. Il n'y a pas d'Eurobonds comme le voulait Conte, mais il y a le MES, une hypothèque dramatique sur l'avenir, sur le travail et sur l'épargne de nos enfants. De 1989 à aujourd'hui, l'Italie a versé 140 milliards à l'Europe ; maintenant, pour emprunter 35 milliards, nous nous mettons entre les mains d'un système usurier légalisé de prêt. Et ce sans aucun passage par le Parlement, comme l'a demandé à plusieurs reprises la Lega. Nous sommes hors la loi, nous sommes dans une dictature au nom du virus13.
Giorgia Meloni a évité le terme de "dictature", préférant accuser le gouvernement Conte de "haute trahison" contre les intérêts du peuple italien14. Gianni Alemanno, un pilier du MSI qui était autrefois un jeune leader dans la lignée de Pino Rauti15, ministre de l'agriculture et maire de Rome, a utilisé la référence à la "dictature sanitaire" en commentant les menaces d'expulsion contre CasaPound, qui occupe un bâtiment ministériel depuis 2003 : "On parle de plus en plus souvent de la dictature du "Big Brother sanitaire" qui, au nom de l'urgence, comprime les libertés civiles et démocratiques. La possible évacuation de CasaPound apparaît comme la manifestation concrète la plus évidente de cette dangereuse dérive"16 Un autre représentant important du MSI puis de l'Alleanza Nazionale (Alliance nationale, le parti post-MSI), Francesco Storace, ancien ministre et ancien président de la région du Latium, c'est plusieurs fois emporté contre les "dictateurs du virus"17.
La circulation de l'expression "dictature sanitaire", alternant avec "dictature du virus", dans les cercles de la droite parlementaire nationale-populiste a effectivement légitimé le récit conspirationniste de l'extrême droite et a donné de la vigueur aux groupes néo-fascistes. Du côté de Salvini, son engagement dans les théories conspirationnistes antigouvernementales a été motivé par la nécessité de ne pas perdre la vedette médiatique pendant la période de crise, qui a vu la popularité de la Lega et de son leader décliner dans les sondages (de 34,6 % lors des élections européennes de 2019 à 26 % le 7 avril 2020)18. Mais Salvini avait aussi besoin de détourner l'attention du public de la gestion désastreuse de l'épidémie dans la région de Lombardie, dont le président, Attilio Fontana, est l'un de ses bras droits19. La pandémie a mis en crise la stratégie du leader de la Lega, et le choix de recourir à des récits conspirationnistes doit être vu comme une décision calculée pour garder la main et forger un nouveau langage commun avec les citoyen·nes mécontent·es.
La gestion de la crise a également été critiquée par des voix éloignées de la droite et de l'extrême droite national-populiste. Le philosophe Giorgio Agamben, qui a toujours été considéré comme l'un des principaux intellectuels de la gauche italienne, a condamné l'"état d'exeption" dans un article paru dans Il Manifesto du 26 février 2020, avant le confinement national, dénonçant la façon dont "Il semblerait que, le terrorisme étant épuisé comme cause de mesures d’exception, l’invention d’une épidémie puisse offrir le prétexte idéal pour les étendre au-delà de toutes les limites."20 Agamben a fait allusion à plusieurs reprises à l'artificialité de l'épidémie, écrivant que "l’une des conséquences les plus inhumaines de la panique que l’on cherche par tous les moyens à répandre en Italie à l’occasion de l’"épidémie" de coronavirus est dans l’idée même de contagion, qui est à la base des exceptionnelles mesures d’urgence adoptées par le gouvernement."21 Le philosophe n'a jamais caché son scepticisme quant à l'existence de l'épidémie, se livrant même à des comparaisons grossières très répandues parmis les conspirationnistes :
Je sais qu’il y aura immanquablement quelqu’un pour me répondre que, même s’il est lourd, le sacrifice a été fait au nom de principes moraux. À celui-là, je voudrais rappeler qu’Eichmann, apparemment en toute bonne foi, ne se lassait pas de répéter qu’il avait fait ce qu’il avait fait selon sa conscience, pour obéir à ceux qu’il retenait être les préceptes de la morale kantienne. Une loi qui affirme qu’il faut renoncer au bien pour sauver le bien est tout aussi fausse et contradictoire que celle qui, pour protéger la liberté, impose de renoncer à la liberté.22
Les thèses du philosophe ont été promues par la droite nationale-populiste, qui lui a accordé une large place dans ses publications, avec des interviews23 et des critiques enthousiastes du livre A che punto siamo ? L'epidemia come politica, un recueil de textes d'Agamben sur le sujet publié à l'été 202024. La critique du biopouvoir et de la santé comme dispositif, un thème cher à Agamben25, s'est avérée utile pour justifier sur le plan théorique le rejet de gestes de protection, le combat anti-vaccin et les théories conspirationnistes avancées par l'extrême droite26.
Antivax et substitution ethnique : La fusion des théories conspirationnistes
Après leur dite "Marche sur Rome", les groupes d'extrême droite ont lancé le 6 juin 2020 le rassemblement Ragazzi d'Italia (Les Gens d'Italie) qui était censé réunir des ultras du football et les groupes d'extrême droite. L'autorisation de manifester a été demandée par Forza Nuova. La réunion a immédiatement dégénéré en affrontements entre des militants néo-fascistes et la police27. Quelques jours plus tôt, le 2 juin (fête de la République italienne), la Lega, Fratelli d'Italia et Forza Italia ont défilé dans le centre de Rome sans tenir compte des mesures de prévention28. À cette occasion, les divergences de stratégie entre les différents acteurs sont devenues visibles, Salvini participant en personne tandis que Meloni appelait ses partisans à respecter le confinement et à suivre l'événement via les réseaux sociaux29.
Les restrictions sanitaires ont été assouplies durant l'été 2020, mais la recrudescence des infections à partir de la fin du mois d'août et le débat sur la réintroduction des mesures de confinement ont relancé la polémique. Galvanisée par les manifestations des 1er et 29 août à Berlin30, qui ont vu respectivement 15 000 et 18 000 personnes descendre dans la rue, l'extrême droite italienne a tenté de reproduire l'expérience à Rome. Elle était convaincue de pouvoir réunir la même coalition hétéroclite d'antivax, d'anti-masques, de néo-nazis, d’adeptes du New Age et d'un mode de vie sain, et de parents inquiets.
Mais l'alliance italienne, dirigée par Forza Nuova avec des nouveaux groupes comme le Popolo delle Mamme (le Peuple des Mères) et avec la participation de figures emblématiques du national-populisme, comme le philosophe Diego Fusaro, n'a pas connu le même succès que les manifestations berlinoises. Seules 1 500 personnes se sont rassemblées sur la place Bocca della Verità à Rome le 5 septembre. Giuliano Castellino, vice-président de Forza Nuova, déjà dans une situation judiciaire délicate pour trafic de drogue et fraude à la santé publique, a pris la parole lors de cette manifestation, au cours de laquelle des photos du pape François et de Beppe Grillo, le leader du Mouvement 5 étoiles, ont été brûlées. Castellino a repris les principaux éléments de la rhétorique conspirationniste : "Pourquoi suis-je sur la place ? Parce que je suis père de trois enfants et parce que je suis un travailleur. Parce que les confinements et les politiques délétères nous ont affamés. Honte à vous, escrocs. Je suis un homme libre comme tous ceux qui sont ici aujourd'hui. Je ne porte pas de muselière"31.
Une autre manifestation a eu lieu simultanément à Padoue, organisée par le mouvement 3V (Vogliamo la verità sui vaccini - Nous voulons la vérité sur les vaccins)32, une association anti-vax, avec la participation de la députée Sara Cunial. Expulsée du Mouvement 5 étoiles pour ses positions anti-vaccins, Sara Cunial est devenue l'une des principales négationnistes au sein du Parlement italien. Dans un discours prononcé devant la Chambre des député·es lors de la session du 14 mai, elle a repris certains des thèmes classiques du déni :
Le droit à l'école ne sera alors accordé qu'avec un bracelet pour les habituer à la liberté surveillée, aux TSO ( Traitements Externes Obligatoires) esclavagistes, et aux camps de concentration virtuels, en échange d'un scooter et d'une tablette. Tout cela pour satisfaire les appétits du capitalisme financier dont le moteur est le conflit d'intérêt, bien représenté par l'OMS, dont le premier financier est le célèbre philanthrope et sauveur du monde Bill Gates. Nous le savons tous maintenant : Bill Gates a prophétisé une pandémie dès 2018, puis en a simulé une en octobre dernier à l'occasion d'Event 201, de concert avec ses amis de Davos, et depuis des décennies, il travaille d'arrache-pied à l'élaboration de plans de dépopulation et de contrôle dictatorial de la politique mondiale, visant à obtenir la primauté sur l'agriculture, la technologie et l'énergie ; et il dit - des mots exacts, tirés d'une de ses déclarations - que si nous faisons du bon travail avec les nouveaux vaccins, la santé et la santé reproductive, nous pouvons réduire la population mondiale de 10 à 15 pour cent et il continue et je cite "seul un génocide peut sauver le monde. "33
Le thème du génocide est immédiatement entré dans le récit de la négation. Le virus, prétendument inventé en laboratoire, a été considéré comme faisant partie d'un plan des forces de la gauche mondialiste et du néolibéralisme pour procéder à la destruction de la population européenne. Il Primato Nazionale, un journal de CasaPound, a consacré beaucoup d'espace à cette théorie, en expliquant :
Le raisonnement est le suivant : de nombreux Italiens sont décédés et la population, tout comme la main-d'œuvre, a chuté en raison du COVID-19. Il y a ensuite le risque d'un nouvel effondrement des naissances en raison de la peur de l'avenir liée à la crise économique. Ainsi, pour faire face à cette crise, il faudra que la gauche naturalise et donne la citoyenneté aux forces étrangères fraîchement débarquées, pour que la balance ou le budget de l'Etat entre les morts et la population reste excédentaire34.
Le journal national-populiste Libero a repris ces arguments : sa manchette du 6 mai 2020 se lisait ainsi : " Un échange avantageux : en Italie, 30 000 morts remplacés par 600 000 immigrés "35 Mais l'un des principaux médias conspirationnistes italiens a été ByoBlu, d'abord présent sur YouTube, puis fermé en raison d'infractions répétées à la politique de YouTube, et aujourd'hui actif en tant que site web autonome. Le site est la version italienne du célèbre InfoWars d'Alex Jones. Son créateur, Claudio Messora, était auparavant responsable de la communication du Mouvement 5 étoiles avant d'en être exclu. ByoBlu propose des vidéos consacrées à des traitements "interdits" par les autorités et censés guérir le coronavirus36, ainsi que des reportages antivax37 : des interprétations fallacieuses de l'efficacité des vaccins sont présentées comme des positions prises par des revues scientifiques faisant autorité38, tandis qu'il conteste les données sur le nombre de victimes39, ce qui permet au site de présenter l'épidémie comme un "coup d'État mondial"40. "Ces positions font consensus parmi les anti-masques et les antivax, et ont été immédiatement reprises par les Gilets Arancioni qui, lors de leur conférence nationale, ont déclaré avoir "découvert qu'un brevet conçu par Bill Gates peut contrôler nos corps [et], en utilisant la technologie 5G et un tatouage quantique ou une puce électronique, peut nous déprogrammer ou nous tuer"41.
Des émeutes de l'automne 2020 au gouvernement Draghi
Au cours de la deuxième quinzaine d'octobre 2020, des mesures régionales visant à contenir la nouvelle vague du virus ont commencé à être prises. En Campanie, région très peuplée où le taux de chômage est de 18 %, le président régional Vincenzo De Luca a annoncé un couvre-feu de 23 heures à 5 heures du matin à partir du 23 octobre42 Un appel lancé sur les réseaux sociaux par certains propriétaires de cafés et de restaurants a réussi à faire descendre plusieurs milliers de personnes dans les rues le soir même pour une manifestation d'abord pacifique qui a ensuite dégénéré en affrontements entre une partie des manifestants et les forces de l'ordre43. Bien qu'il ait été allégué que les violences avaient été perpétrées par un groupe coordonné de clans de la Camorra, de néofascistes et de supporters de football, les enquêtes n'ont jusqu'à présent pas permis d'identifier les meneurs.
Des affrontements à Turin et à Milan ont suivi le 26 octobre44 Les mouvements néofascistes ont tenté d'organiser des manifestations à Rome - CasaPound sous un nouveau nom qui a depuis disparu, Mascherine tricolori (Masques tricolores), et Forza Nuova seul - mais aucune n'a été couronnée de succès : leurs manifestations n'ont attiré que quelques dizaines de militants et se sont terminées par des échauffourées avec la police45. Dans l'ensemble, les tentatives de l'alliance des néofascistes et de divers groupes conspirationnistes de créer des événements de rue capables de reproduire la situation berlinnoise ou de conduire à des affrontements comme ceux de Naples, Turin et Milan se sont révélées infructueuses, avec une très faible participation. La manifestation du 10 octobre à Rome, convoquée par le Comité Bocca della Verità et animée par Forza Nuova et les Gilets Arancioni, qui proclamait pompeusement un nouveau " gouvernement de libération nationale ", avec Castellino et Roberto Fiore comme " ministres ", ne réunit par exemple qu'une centaine de personnes46. La soi-disant Marche de la Libération, qui réunissait le Mouvement 3V, Sara Cunial et diverses organisations locales orientées vers des modes de vie alternatifs, a rassemblé environ 1 500 participant·es47. La dernière tentative de Forza Nuova et des Gilets Arancioni d'exploiter le mécontentement à l'égard des politiques du gouvernement Conte remonte au 7 novembre 2020, lorsqu'une nouvelle " Marche sur Rome " a rassemblé moins de 50 personnes sur la place48.
Les échecs de l'automne n'ont cependant pas entamé l'unité du front composé de Forza Nuova, des Gilets Arancioni et d'autres figures du monde covidonégationniste. Dans une interview accordée à l'agence de presse Adnkronos le 14 décembre 2020, Roberto Fiore a annoncé la dissolution de Forza Nuova et son intégration dans un nouveau mouvement, Italia Libera (Italie libre). Le leader de longue date de l'organisation néofasciste n'a pas renié son programme, et Forza Nuova, comme nous le verrons, n'a pas été dissoute, mais il a indiqué que lui et ses acolytes feraient
désormais partie d'une seule grande équipe, avec les Gilets Arancioni et la sphère des anti-masques. Le mouvement de la révolution est une nouvelle force, qui laisse aujourd'hui la place à l'Italia Libera plus large et plus variée, car elle comprend qu'elle ne peut pas surmonter seule l'obstacle de la dictature sanitaire : il est nécessaire de s'allier avec toutes les forces pour défendre les libertés concrètes. Notre programme continue, mais le pragmatisme nous veut à la tête d'un mouvement plus large capable d'atteindre les objectifs fixés49.
Les activités des dirigeants de Forza Nuova, et en particulier l'organisation par Castellino des manifestations de fin octobre 2020 à Rome, qui ont provoqué des affrontements avec la police, ne sont pas passées inaperçues aux yeux du ministère de la Justice50 ; le député de Fiore a été placé sous surveillance spéciale pour deux ans le 29 janvier 2021, sur décision du parquet de Rome. Malgré les proclamations d'Italia Libera, il n'y a pas eu d'autres avancées, ni de capacité de mobilisation, mais ce serait une erreur de ne pas voir et comprendre les effets de ces slogans et de ces récits.
Le lancement de la vaccination a fourni à l'extrême droite mondiale une nouvelle occasion de diffuser des fake news et des théories conspirationnistes, et l'Italie n'a pas fait exception à la règle. L'opposition aux vaccins a commencé dans les années 1990 avec la diffusion du document tristement célèbre d'Andrew Wakefield sur leurs dangers51, et avec l'essor d'internet et la croissance des réseaux sociaux, ces positions antivax ont pu gagner en visibilité. Le Mouvement 5 étoiles lui-même a d'abord compté des antivax (bien que ces personnes, dont Sara Cunial, aient été expulsées par la suite), tandis que le M3V est né en tant qu'organisation politique antivax et a depuis participé aux élections locales52.
Au printemps 2021, le M3V est actif dans la campagne contre la vaccination contre le Covid et vise à soutenir le droit des travailleur·euses de la santé à refuser la vaccination53. Forza Nuova n'est pas en reste, déclarant qu'il est nécessaire de défendre les médecins et les infirmièr·es qui s'opposent aux vaccins et affirmant que " cette minorité doit s'organiser et résister à la violation de leur liberté de choix, en évitant d'être des rats de laboratoire ". Le parti néo-fasciste a répété que la vaccination est une "expérience sociale où tout le monde est au service de la dictature des multinationales pour réaliser, à travers l'acceptation inconditionnelle d'un traitement médicamenteux expérimental obligatoire, l'établissement d'une nouvelle société déshumanisée"54.
La mouvance nationale-populiste s'est aussi jetée dans le débat sur les vaccins, adoptant des positions qui se contredisent souvent les unes les autres. Matteo Salvini a d'abord appelé à un déploiement rapide des vaccins55, puis a soutenu le gouvernement pour bloquer l'exportation d'un lot d'AstraZeneca vers l'Australie56, et enfin a pris position contre l'administration de vaccins aux plus jeunes57, dans une soif continue de visibilité médiatique. La Lega se trouve dans une position ambivalente, puisqu'elle est actuellement un parti de gouvernement, avec trois ministres dans le gouvernement de Draghi, dont le puissant Giancarlo Giorgetti, considéré comme le second de Salvini. Il cherche donc à maintenir son hégémonie dans le monde national-populiste tout en respectant ses engagements gouvernementaux. Cette double stratégie semble échouer, puisque Fratelli d'Italia de Giorgia Meloni a progressé dans les sondages et a dépassé la Lega dans la première quinzaine de juin 2021 (20,5 % contre 20,1 %)58.
Le gouvernement Draghi, auquel participent presque tous les partis représentés à la Chambre des député·es et au Sénat italiens (563 des 629 député·es et 279 des 321 sénateur·ices ont voté la confiance au gouvernement), est en fait un gouvernement d'unité nationale. Même Pappalardo a tenté d'approcher l'ancien dirigeant de la BCE pour lui demander une rencontre, demande qui semble être restée sans réponse59. Forza Nuova, en revanche, a immédiatement pris position contre le gouvernement, dénonçant Draghi comme un "suceur de sang" et réitérant que Forza Nuova était " en première ligne contre la dictature sanitaire, économique et judiciaire, contre le mondialisme et la technocratie, pour faire renaître un nouveau front national-populaire uni"60. Giuliano Castellino a résumé la position de son parti sur le nouveau gouvernement, condensant en quelques lignes les rengaines conspirationnistes :
L'Italie, occupée par l'OTAN pendant plus d'un demi-siècle, écrasée par l'UE pendant des décennies et maintenant asphyxiée par l'OMS, les masques et le récit criminel et terroriste du COVID, sera accompagnée par Draghi vers le Great Reset : une phase 2 de la Mondialisation sauvage où l'esclavage durable et la pauvreté seront les maîtres en l'absence d'opposition parlementaire, étant donné que tous les partis au pouvoir, de Salvini aux communistes, sont prêts à servir Draghi et le Dragon61.
Conclusion : Sur la convergence entre le néofascisme, le national-populisme et le covidonégationnisme
Au printemps 2021, les sondages ne semblent pas favorables à l'opposition néofasciste et covidonégationniste au Premier ministre : 66 % des italien·nes approuvent les politiques de Draghi, tandis que Forza Nuova et CasaPound reçoivent un soutien très faible, de 0,2 à 0,7 %62.Draghi a adopté une ligne intransigeante à l'encontre des travailleur·euses de la santé anti-vax, ce qui a entraîné la promulgation d'un décret sur la vaccination obligatoire pour ces catégories63. Au sein de la droite nationale-populiste, Fratelli d'Italia se distingue par son opposition au gouvernement Draghi, tout en n'appuyant pas trop fort sur une rhétorique anti-vaccinale. Giorgia Meloni a critiqué les projets de tracking et le Green Pass (le certificat numérique COVID de l'UE, en discussion ces derniers mois [Équivalent italien du pass sanitaire])64 au moment même où elle annonçait qu'elle avait pris son propre rendez-vous pour la vaccination65.
Pourtant, l'impact des covidonégationnistes sur le paysage politique italien va au-delà des résultats des sondages. Les Protocoles des Sages de Sion, l'une des premières théories conspirationnistes tragiques du vingtième siècle, initialement diffusés par les Centuries noires russes, sont devenus un argument de poids pour justifier les politiques génocidaires des nazis. Dès 1979, le spécialiste italien des mythes Furio Jesi, dans son livre Culture de Droite, a commencé à explorer la manière dont l'extrême droite fonde sa légitimité sur des "idées sans paroles". Développant cet aspect de la réflexion de Jesi, un autre chercheur italien en histoire des idées, Enrico Manera, a souligné :
La propagande de droite offre un exemple typique de la manière dont la propagande peut propager mécaniquement une mythologie artificielle et frauduleuse capable de remplacer la violence par le consensus et de consolider un régime. Dans toute construction idéologique, l'important n'est pas son degré de vérité, mais le niveau d'intégration et d'homogénéité qu'elle atteint. Sa performance et son efficacité découlent de l'immédiateté du symbole et de sa capacité à simplifier le réel66.
Roger Griffin a très justement identifié la mentalité assiégée du néo-fascisme et de l'extrémisme de droite comme l'un des terrains privilégiés qui permet aux théories conspirationnistes de s'épanouir. Une "mentalité assiégée" pourrait devenir la norme, s'extériorisant dans la politique du ressentiment identitaire, dans les théories conspirationnistes, dans l'intolérance à l'égard de l'altérité et dans un racisme différentialiste ouvertement ethnocrate et xénophobe ou plus subtil et insidieux, souvent en collusion avec des attitudes conservatrices à l'égard de la religion et de l'évolution des mœurs67. Ce qui fait la différence, c'est la capacité de théories considérées à juste titre comme marginales jusqu'à il y a quelques années à devenir mainstream grâce à l'utilisation qu'en font les partis nationaux-populistes. La circulation continue de ces idées et de ces récits entre les cercles nationaux-populistes et les groupes néo-fascistes est centrale pour expliquer la généralisation des théories conspirationnistes au cours de la pandémie.
Dans le cas des vaccins, ce n'est pas un hasard si l'argument principal de l'extrême droite a été la protection de l'intégrité des enfants, qui seraient menacés par les multinationales pharmaceutiques dans le cadre d'un plan visant à la réalisation du "Great Reset", slogan lancé par le Forum économique mondial de Davos en mai 2020. Pour l'extrême droite, le Great Reset confirme la théorie du "Grand Remplacement" de Renaud Camus, c'est-à-dire la supposée stratégie coordonnée des "élites cosmopolites" pour remplacer les Blancs européens par des immigrés. Partie de France avec le documentaire "Hold-Up" et s'étant répandue aux États-Unis, où elle s'est intégrée à QAnon, l'opposition au Great Reset a rapidement atteint l'Italie68 Il faut souligner que QAnon, qui utilise une rhétorique largement centrée sur les enfants, est encore très marginal au sein de l'extrême droite italienne, mais a une présence importante sur Telegram69. [Il existe des réticences à l'égard de QAnon parmi les néo-fascistes italiens : dans Il Primato Nazionale, par exemple, Carlomanno Adinolfi, représentant de CasaPound, a dénoncé le QAnon américain comme une menace pour la "véritable" éthique de l'extrême droite, une théorie dans laquelle "la spiritualité européenne cède la place au chaman à tête de buffle"70.
Dès 1961, Julius Evola, le célèbre penseur fasciste qui a introduit le nazisme allemand dans le néo-fascisme italien, dans Chevaucher le tigre : Manuel de survie pour les aristocrates de l'âme, invitait l'extrême droite à exploiter pleinement les "multiples formes de chaos" afin de créer "un nouvel espace libre, qui pourrait être la prémisse d'une action formatrice ultérieure"71 La pandémie a offert une opportunité sans précédent à l'extrême droite mondiale. Comme l'explique Claudio Vercelli, les militants néofascistes
s'adaptent comme des caméléons aux conditions changeantes tout en défendant un noyau profond, un moule idéologique vécu et présenté comme une "tradition", comme un ensemble de "valeurs indiscutables" ; ils continuent aussi à se régénérer, à régénérer leur image, le contenu de leurs propositions, en suivant un chemin qui proclame l'extinction de la politique en tant qu'engagement collectif et synthèse du pluralisme - par définition un lieu de corruption morale - ainsi que le besoin de restaurer quelque chose qu'ils déclarent perdu dans les vagues de la modernité : l'identité, l'éthique, la hiérarchie, l'ordre, etc...72.
Ce qui fait la différence par rapport au passé, c'est la fluidité idéologique contemporaine qui favorise la généralisation des slogans négationnistes, par exemple à travers le chevauchement entre l'extrême droite et la culture New Age. L'année 2020 a vu "l'explosion de la philosophie New Age et l'achèvement du processus de sa fertilisation/fusion avec les idées d'extrême droite", selon Luigi Corvaglia, qui travaille sur le phénomène New Age pour le Center for Psychological Abuse73. Les tentatives de construction d'un mouvement antivax de masse imprégné d'influences néo-fascistes se sont peut-être enlisées, mais il serait erroné de penser que la bataille a été perdue : la véritable lutte est menée sur le plan des idées et de l'hégémonie culturelle, où un profond sentiment illibéral, anti-scientifique et conspirationniste continue de gagner du terrain en Italie grâce au chevauchement entre les néo-fascistes, les national-populistes et les covionégationnistes.
Publication originale (20/07/2021) :
Illiberalism Studies Program
Re/Lire
Giovanni Drogo, “Tutte le vergognose giravolte di Salvini sul Coronavirus,” nextQuotidiano, March 11, 2020, https://www.nextquotidiano.it/giravolte-di-salvini-sul-coronavirus/; Laura Mari, “‘Chiudere tutto, anzi no’. Salvini e il Covid 19, la confusione del leader leghista sulla gestione dell’epidemia,” La Repubblica, April 16, 2020, https://www.repubblica.it/politica/2020/04/16/news/salvini_e_i_cambi_di_rotta_sulle_aperture_attivita_-254162048/; Simone Cosimi, “Salvini, il leader che sul coronavirus smentisce sé stesso,” Wired, June 29, 2020, https://www.wired.it/attualita/politica/2020/06/29/salvini-coronavirus-dichiarazione/.
“L’appello di Renzi: ‘L’Italia riapra,’” AGI, March 28, 2020, https://www.agi.it/politica/news/2020-03-28/coronavirus-renzi-aprire-italia-fabbriche-pasqua-7944570/.
“Il servizio del TGR Leonardo del 2015 non ha niente a che vedere con il nuovo coronavirus,” Valigia Blu, March 25, 2020, https://www.valigiablu.it/tgr-leonardo-coronavirus/.
The tweet is still available at https://twitter.com/matteosalvinimi/status/1242866887932948481?s=20 (last accessed April 26, 2021).
Meloni’s tweet can be found at https://twitter.com/giorgiameloni/status/1242875894387138563 (last accessed April 26, 2021).
For a brief description in English of the December 9 demonstrations, see Lizzy Davis, “Italy Hit by Wave of Pitchfork Protests as Austerity Unites Disparate Groups,” The Guardian, December 13, 2013, https://www.theguardian.com/world/2013/dec/13/italy-pitchfork-protests-austerity-unites-groups.
“Le ‘riforme’ del colonnello Pappalardo,” La Repubblica, March 30, 2000, https://www.repubblica.it/online/cronaca/cocer/documento/documento.html.
Stefania Carboni, “Antonio Pappalardo: storia di un golpe borghese piccolo piccolo,” Giornalettismo, December 16, 2000, https://archivio.giornalettismo.com/antonio-pappalardo-storia-di-un-golpe-borghese-piccolo-piccolo/.
Francesca Schianchi, “Il blitz dei Forconi alla Camera per ‘arrestare’ l’ex deputato Napoli,” La Stampa, December 15, 2016, https://www.lastampa.it/cronaca/2016/12/15/news/il-blitz-dei-forconi-alla-camera-per-arrestare-l-ex-deputato-napoli-1.34756718.
Giovanni Drogo, “Alessandro Di Battista sbaglia piazza e si prende i fischi del popolo di Pappalardo,” nextQuotidiano, October 10, 2017, https://www.nextquotidiano.it/alessandro-di-battista-pappalardo/.
“Milano, assembramenti in piazza Duomo per la manifestazione dei gilet arancioni: in centinaia senza mascherina e distanze di sicurezza,” Il Fatto Quotidiano, May 30, 2020, https://www.ilfattoquotidiano.it/2020/05/30/milano-assembramenti-in-piazza-duomo-per-la-manifestazione-dei-gilet-arancioni-in-centinaia-senza-mascherina-e-distanza-di-sicurezza/5818981/.
“Coronavirus, tensioni alla manifestazione ‘Marcia su Roma.’ ‘Rimaniamo qui a oltranza.’ In 70 identificati e denunciati,” Open, May 30, 2020, https://www.open.online/2020/05/30/coronavirus-tensioni-alla-manifestazione-marcia-su-roma/.
See Matteo Salvini’s Twitter account, https://twitter.com/matteosalvinimi/status/1248356300343435269 (last accessed April 26, 2021).
“Mes, Meloni e Salvini all’attacco: ‘Alto tradimento’, ‘dittatura in nome del virus,’” Libero Quotidiano, April 10, 2020, https://www.liberoquotidiano.it/news/politica/21925700/mes_accordo_eurogruppo_meloni_alto_tradimento_salvini_dittatura_nome_virus.html.
Pino Rauti (1926-2012) est l'un des principaux leaders du néofascisme italien. Très jeune soldat de la République sociale italienne, il fait partie des premiers disciples de Julius Evola après la guerre. Après avoir quitté le MSI en 1953 parce qu'il ne le trouvait pas assez fasciste, il a fondé Ordine Nuovo (Ordre nouveau), une organisation d'extrême droite qui a intégré au néofascisme des pratiques et des idées tirées de l'expérience du nazisme allemand. Ordine Nuovo est impliqué dans la stratégie de tension des années 1960 et 1970, et Rauti lui-même collabore avec des cercles putschistes au sein des forces armées. Revenu au MSI en 1969, Rauti a été élu député et, en 1990, il a été secrétaire du parti pendant un an. Il n'a pas accepté le virage de Fiuggi, à la suite duquel le parti a changé de nom pour devenir Alleanza Nazionale. Au lieu de cela, il fonde, avec un groupe de partisans, le Mouvement social-Fiamma Tricolore. Pour une histoire de l'organisation et de Rauti, voir A. Giannuli et E. Rosati, Storia di Ordine Nuovo (Milan : Mimesis, 2017).
Gianni Alemanno, “Sgombero di CasaPound: primo esperimento di dittatura sanitaria e/o strategia della tensione?,” Qelsi quotidiano sovranista, June 5, 2020, https://www.qelsi.it/2020/sgombero-di-casapound-primo-esperimento-di-dittatura-sanitaria-e-o-nuova-strategia-della-tensione/?fbclid=IwAR1aVEwPIlSdITA9ZEo4J64jdP-nGsaGuTGAfO13gB05ziGMbFdF88jgemo.
Francesco Storace, “I dittatori del virus. Ma se tutto questo l’avesse fatto il centrodestra?,” Il Tempo, October 8, 2020, https://www.iltempo.it/politica/2020/10/08/news/covid-dittatura-governo-giuseppe-conte-pd-5stelle-se-l-avesse-fatto-la-destra-matteo-salvini-lockdown-24820948/.
Monica Rubino, “Sondaggi politici: Lega sempre più giù, sale Il M5s. Pd stabile,” La Repubblica, April 8, 2020, https://www.repubblica.it/politica/2020/04/08/news/sondaggi_politici_8_aprile_lega_giu_-253441550/.
Alessandro De Angelis, “Salvini fermo al Papeete all’epoca del Covid,” Huffington Post, April 26, 2020, https://www.huffingtonpost.it/entry/salvini-fermo-al-papeete-allepoca-del-covid_it_5ea57953c5b6e27aec11d494.
Giorgio Agamben, “Lo stato d’eccezione provocato da un’emergenza immotivata,” Il Manifesto, February 26, 2020, https://ilmanifesto.it/lo-stato-deccezione-provocato-da-unemergenza-immotivata/.
Giorgio Agamben, “Contagio,” Quodlibet, March 11, 2020, https://www.quodlibet.it/giorgio-agamben-contagio.
Giorgio Agamben, “Una domanda,” Quodlibet, April 13, 2020, https://www.quodlibet.it/giorgio-agamben-una-domanda.
Francesco Borgonovo, “‘Qui sta nascendo un nuovo dispotismo e sarà peggiore di quelli del passato’: intervista a Giorgio Agamben,” La Verità, April 22, 2020, https://www.laverita.info/qui-sta-nascendo-un-nuovo-dispotismo-e-sara-peggiore-di-quelli-del-passato-2645789167.html.
Francesco Borgonovo, “Manuale di resistenza al regime sanitario,” La Verità, July 9, 2020, https://www.quodlibet.it/recensione/4210.
Agamben utilise le terme dispositivo, traduit en anglais par apparatus. Le philosophe définit ce terme comme suit : "En donnant une généralité encore plus grande à la classe déjà très vaste des dispositifs de Foucault, j’appellerai dispositif tout ce qui a, d’une manière ou d’une autre, la capacité de capturer, d’orienter, de déterminer, d’intercepter, de modeler, de contrôler et d’assurer les gestes, les conduites, les opinions et les discours des êtres vivants. Pas seulement les prisons donc, les asiles, le panoptikon, les écoles, la confession, les usines, les disciplines, les mesures juridiques, dont l’articulation avec le pouvoir est en un sens évidente, mais aussi, le stylo, l’écriture, la littérature, la philosophie, l’agriculture, la cigarette, la navigation, les ordinateurs, les téléphones portables, et, pourquoi pas, le langage lui-même, qui est peut-être le plus ancien dispositif dans lequel, il y a plusieurs milliers d’années, un primate, probablement incapable de se rendre compte des conséquences qui l’attendaient, eut l’inconscience de se faire prendre." Giorgio Agamben, What Is An Apparatus ? And Other Essays (Stanford, CA : Stanford University Press, 2009), 14. Sur Agamben, le biopouvoir et ses positions sur le coronavirus, voir les observations de Stefano G. Azzarà dans son dernier livre, Il virus dell'Occidente. Universalismo astratto e sovranismo particolarista di fronte allo stato d'eccezione (Milan : Mimesis, 2020).
An interesting reflection on this point was developed in Rocco Ronchi, “Biopolitica del virus,” Doppiozero, December 17, 2020, https://www.doppiozero.com/materiali/biopolitica-del-virus.
Camilla Mozzetti and Marco Pasqua, “Ultrà e Forza Nuova, follia a Roma: guerriglia al Circo Massimo, 14 fermi e un arresto. Aggrediti poliziotti e giornalisti,”Il Messaggero, June 7, 2020, https://www.ilmessaggero.it/roma/news/ultra_forza_nuova_diretta_manifestazione_circo_massimo_roma_6_giugno_2020-5272264.html.
“2 Giugno,centrodestra in piazza senza regole: saltano i distanziamenti, il flash mob degenera in ressa,” La Repubblica, June 2, 2020, https://www.repubblica.it/politica/2020/06/02/news/2_giugno_manifestazione_centrodestra-258244031/.
CarmeloLopapa, “Meloni: ‘Nulla a che fare con i gilet arancioni. Ma il disagio è reale,’ La Repubblica, June 1, 2020, https://www.repubblica.it/politica/2020/06/01/news/meloni_nulla_a_che_fare_con_i_gilet_arancioni_ma_il_disagio_e_reale_-301032425/.
Marco Assab, “No-vax, cospirazionisti, estremisti di destra: a Berlino la protesta dei negazionisti del Coronavirus,” Open, August 1, 2020, https://www.open.online/2020/08/01/coronavirus-negazionisti-in-strada-a-berlino-contro-mascherine/ “Protesta anti-restrizioni a Berlino,” RSI- Radiotelevisione svizzera, August 29, 2020, https://www.rsi.ch/news/mondo/Protesta-anti-restrizioni-a-Berlino-13360791.html.
Luca Monaco, “No mask e ultradestra, solo 1500 in piazza a Roma, Bruciate foto di Grillo e papa Francesco,” La Repubblica, September 5, 2020, https://roma.repubblica.it/cronaca/2020/09/05/news/no_mask_e_ultradestra_ritornano_in_piazza_schiaffo_alle_vittime_-266303527/.
Ivan Grozny Compasso, “Il Movimento 3V e i nemici pubblici: cronaca di una domenica particolare,” Padova Oggi, September 6, 2020, https://www.padovaoggi.it/politica/movimento-3v-nemici-pubblici-cronaca-una-domenica-particolare-padova-7-settembre-2020.html.
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Enzo Boldi, “Libero dice che l’Italia vuole scambiare i 30mila morti covid con 600mila migranti,” Giornalettismo, May 6, 2020, https://www.giornalettismo.com/libero-sostituzione-etnica-6-maggio/.
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Francesco Capo, “La reale efficacia dei vaccini: dallo 0,84 al 3% se si tiene conto del rischio assoluto di contrarre il Covid—Lo studio su The Lancet,” ByoBlu, May 19, 2021, https://www.byoblu.com/2021/05/19/la-reale-efficacia-dei-vaccini-dallo-084-al-3-se-si-tiene-conto-del-rischio-assoluto-di-contrarre-il-covid-lo-studio-su-the-lancet/ (last accessed May 20, 2021).
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Ciro Pellegrino, “Ordinanza coprifuoco Campania: operativa da venerdì 23 ottobre. È la numero 83,” fanpage.it, October 22, 2020, https://www.fanpage.it/napoli/ordinanza-coprifuoco-campania-83/ (last accessed May 5, 2021).
Lucia Licciardi, “Coprifuoco e forse lockdown, a Napoli esplode la rivolta,” AGI, October 24, 2020, https://www.agi.it/cronaca/news/2020-10-23/covid-coprifuoco-e-forse-lockdown-napoli-esplode-10053798/.
Viola Giannoli, “La protesta infiamma le piazze: incidenti a Milano, Torino, Napoli e Trieste,” La Repubblica, October 26, 2020, https://www.repubblica.it/cronaca/2020/10/26/news/da_catania_a_torino_la_protesta_nelle_piazze_cosi_sale_la_tensione-271884675/.
“Forza Nuova protesta contro il coprifuoco a Roma: motorini a fuoco, bombe carta e lancio di bottiglie contro la polizia,” Il Fatto Quotidiano, October 25, 2020, https://www.ilfattoquotidiano.it/2020/10/25/forza-nuova-protesta-contro-il-coprifuoco-a-roma-motorini-a-fuoco-bombe-carta-e-lancio-di-bottiglie-contro-la-polizia-il-video/5979056/; “Covid, tensione e scontri a Roma alla manifestazione ‘No lockdown’ e Dpcm,” La Stampa, October 31, 2020, https://www.lastampa.it/cronaca/2020/10/31/news/covid-tensione-e-scontri-a-roma-alla-manifestazione-no-lockdown-e-dpcm-1.39485518 (last accessed May 5, 2021).
“‘Governo di Liberazione Nazionale’ contro norme anticovid, tra ‘ministri’ Fiore e Taormina,” Adnkronos, October 10, 2020, https://www.adnkronos.com/nuovo-governo-liberazione-contro-norme-anticovid-tra-ministri-fiore-e-taormina_1J65MIDZ4Qtls3U7TNvjih.
Paolo Tripaldi, “La ‘marcia della liberazione’, a Roma sfilano i ‘negazionisti,’” AGI, October 10, 2020, https://www.agi.it/cronaca/news/2020-10-10/roma-marcia-liberazione-negazionisti-9915339/.
Natascia Grbic, “La manifestazione di negazionisti, gilet arancioni ed estrema destra è un flop: neanche 50 persone,” fanpage.it, November 7, 2020, https://www.fanpage.it/roma/la-manifestazione-di-gilet-arancioni-e-forza-nuova-e-un-flop-in-piazza-nemmeno-50-persone/.
Silvia Mancinelli, “Forza Nuova addio, Fiore: ‘Confluiamo in Italia Libera, no mask con noi,’” Adnkronos, December 14, 2020, https://www.adnkronos.com/addio-forza-nuova-fiore-confluiamo-in-italia-libera-no-mask-con-noi_6Txdt8tWxdSCqpq7B6CAEq.
Giansandro Merli, “Sorveglianza speciale per Giuliano Castellino,” Il Manifesto, January 31, 2021, https://ilmanifesto.it/sorveglianza-speciale-per-giuliano-castellino/.
Andrew Wakefield est un ancien médecin qui a été radié de l'ordre des médecins britanniques pour ses positions antivaccins. Son article, publié dans The Lancet puis rétracté, est considéré comme l'une des principales bases "scientifiques" du mouvement antivaccination. Voir Brian Deer, The Doctor Who Fooled the World : Science, Deception, and the War on Vaccines (Baltimore, MD : John Hopkins University Press, 2020).
“Chi Siamo,” Movimento 3V, https://www.movimento3v.it/chi-siamo/ (last accessed May 25, 2021).
“Lavoratori Consapevoli 3V,” Movimento 3V, April 8, 2021, https://www.movimento3v.it/lavoratori-consapevoli-3v/ (last accessed May 25, 2021).
“Forza Nuova: ‘No all’obbligo vaccinale: limita la libertà di scelta,’” Lucca in diretta, April 20, 2021, https://www.luccaindiretta.it/politica/2021/04/20/forza-nuova-no-allobbligo-vaccinale-limita-la-liberta-di-scelta/232643/.
“‘Bisogna correre con i vaccini’ dice Salvini,” AGI, March 7, 2021, https://www.agi.it/politica/news/2021-03-07/covid-salvini-correre-vaccini-11678519/.
“Vaccino Astrazeneca, Draghi blocca l’export e Matteo Salvini esulta: ‘Prima l’Italia,’” Il Tempo, March 5, 2021, https://www.iltempo.it/politica/2021/03/05/news/matteo-salvini-mario-draghi-vaccini-astrazeneca-australia-governo-26428789/.
“Vaccini: Salvini, bimbi e ragazzi non sono cavie laboratorio. Bisogna fermare questa corsa,” Ansa, June 11, 2021, https://www.ansa.it/sito/notizie/topnews/2021/06/11/vaccini-salvini-bimbi-e-ragazzi-non-sono-cavie-laboratorio_246c930e-b480-4b31-8f2c-01e868ec1853.html.
Valerio Valentini, “Pd primo partito, e la Meloni supera Salvini. I sondaggi Ipsos,” Il Foglio, June 11, 2021, https://www.ilfoglio.it/politica/2021/06/11/news/pd-primo-partito-e-la-meloni-supera-salvini-i-sondaggi-ipsos-2508581/.
“Governo, Pappalardo: ‘Draghi riceva i gilet arancioni,’ Adnkronos, February 6, 2021, https://www.adnkronos.com/governo-pappalardo-draghi-riceva-i-gilet-arancioni_6usvUMbyG0CYCdyOyZhsAT.
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