21 septembre 2022 · Barbara Ehrenreich
Bonjour,
« J'ai passé une si grande partie de mes années d'études supérieures à manifester, à organiser et à distribuer des tracts que j'aurais probablement dû obtenir un doctorat en subversion politique plutôt qu'en biologie cellulaire. »
C’est avec ces mots que Barbara Ehrenreich, qui nous a quitté le 1er septembre dernier, évoquait en 1984 ses jeunes années de lutte. Elle n’a par la suite jamais cessé de se battre.
Barbara Ehrenreich fut chroniqueuse, féministe, socialiste et une activiste politique américaine. Elle a joué un rôle majeur dans le mouvement de santé radical et le mouvement de santé des femmes. Elle a écrit de nombreux ouvrages, et parmi les rares traduits en français il est indispensable de lire Sorcières, sages-femmes et infirmières et Fragiles ou contagieuses, co-écrit avec Deirdre English et parus aux éditions Cambourakis.
Son expérience et ses enseignements nous semblent essentiels et précieux pour notre temps, pour penser ce que pourrait être un mouvement de santé radical et populaire. C’est pour cela que nous avons tenu à lui rendre hommage en vous proposant ces trois traductions. Nous avons été frappé·es de voir à quel point sous sa plume le culte moralisateur de la santé qui va de pair avec le marché du “bien-être”, la promotion de la “responsabilité individuelle” et la destruction des infrastuctures de soin accessibles aux communautés populaires et racisées apparaissent comme faisant partie d’une même offensive capitaliste. Et nous tiens aussi particulièrement à coeur sa manière de souligner les forces et les joies qu’il y a à mettre le point de vue du soin au centre de la lutte.
Pour terminer nous aimerions conclure avec les mots de son amie et camarade Deirdre English :
« Continuez toujours à analyser la situation politique. Réfléchissez toujours. Ne vous retranchez pas dans l'individualisme ou un "self-care" trop complaisant - rassemblez-vous avec d'autres, créez une communauté, agissez collectivement. Dans ses derniers jours, Barbara encourageait les grévistes d'Amazon et se demandait comment elle, et nous, pouvions aider à organiser des avortements pour les femmes dans le besoin.
Mother Jones a dit, "priez pour les mort·es et battez-vous comme un diable pour les vivant·es". Mais le fils de Barbara, Ben Ehrenreich, a écrit que celle-ci "... n'était pas très portée sur les pensées et les prières, mais vous pouvez honorer sa mémoire en vous aimant les unes les autres et en vous battant comme des diables." »
Très bonne lecture et
prenons soin de nos luttes,
Cabrioles
Carnet de recherche pour l’Autodéfense Sanitaire face au Covid19
Donner le pouvoir au peuple, les premiers temps de Health/PAC | Barbara Ehrenreich
J'aimerais pouvoir vous transmettre un peu de l'excitation de ces jours-là, du tourbillon de personnes et d'activités qui traversaient Health/PAC. Il y avait les Black Panthers ; il y avait les leaders des églises noires ; il y avait les Young Lords, parlant leur mélange particulièrement attachant de marxisme et d'argot de barrio. Il y avait Howard Levy, tout juste sorti de la prison fédérale. Il y avait Leslie Cagan tout juste rentrée de la première Brigade Venceremos à Cuba et qui parlait de révolution…Notre horizon n'était pas seulement un système qui donne aux gens les services, mais un système qui leur donne le pouvoir. Car s'il y a une chose que nous avons apprise, c'est que tout comme la guérison est une forme d'autonomisation, l'autonomisation est une forme de guérison.
Corps politique : le mouvement pour la santé des femmes | Barbara Ehrenreich
Les histoires ont toujours existé, mais il a fallu le mouvement des femmes pour faire tomber les barrières du secret et de la honte qui nous empêchaient de les raconter. Plus important encore, le mouvement pour la santé des femmes a légitimé l'idée que nous avons le droit de savoir et de décider des procédures - de la stérilisation aux traitements hormonaux - qui affectent nos corps et nos vies.
Pourquoi les pauvres sont-iels culpabilisé·es et humilié·es pour leurs morts ? | Barbara Ehrenreich
Les réformateur·ices des classes aisées sont perpétuellement frustré·es par les habitudes malsaines des pauvres, mais il est difficile de voir comment les problèmes découlant de la pauvreté - et des conditions de travail néfastes - pourraient être guéris en imposant une doctrine de "responsabilité personnelle".