21 octobre 2022 · Capitalisme du désastre
Bonjour,
Une fois n’est pas coutume nous vous livrons aujourd’hui un seul et unique article. Et cela parceque aimerions qu’il reçoive une attention toute particulère.
Depuis que nous avons commencé à étudier et documenter les rapports de force politiques qui structurent la pandémie de Covid-19 nous avons maintes fois mis en avant le rôle de l’extrême-droite libertarienne internationale dans la production et la diffusion des techniques de négation et de minimisation de la pandémie. Ces techniques d’invisibilisation et de dépolitisation de l’événèment ont peu à peu été adoptées par l’ensemble des gouvernements néolibéraux à travers notamment les stratégies réthoriques du “vivre avec” et de la “protection focalisée”.
Mais une erreur serait de ne voir ici qu’une simple affaire de lobbys, d’entités plus ou moins démoniaques qui viendraient remplacer, dans notre récit, les conseils de l’ombre des dits « complotistes ». Ce qui a permis cette victoire est un mouvement bien plus large et plus profond de la dynamique capitaliste actuelle. Et c’est ce mouvement de fond que le travail de Théo Bourgeron vient éclairer.
Dans ce texte, Théo Bourgeron prolonge l’étude des conflits internes à la classe capitaliste et de la constitution d’un régime d’accumulation libertarien-autoritaire entamée avec Marlène Benquet dans La finance autoritaire, vers la fin du néolibéralisme (Raisons d’agir, 2021, 146 pages à lire absolument). Il nous montre à travers l’analyse de la réponse du gouvernement Britannique à la pandémie que le choix de ce dernier de privilègier le laissez-faire - à l’instar des gouvernements du Brésil et des États-Unis - n’est pas le résultat d’un déni de la science, mais bien la conséquence de la montée en puissance au sein de la classe capitaliste de forces libertariennes-autoritaires, qui conçoivent les catastrophes comme des opportunités de s’enrichir et de finir de démanteler les structure de solidarités collectives.
Nous pensons que la pandémie en cours montre que l’option libertarienne-autoritaire offre une solution de plus en plus attirante aux contradictions qui enserrent la classe capitaliste - et ce jusque dans les rangs des néolibéraux - si elle veut éviter tout retour en arrière et tirer profit des désastres meurtriers qui s’annoncent.
Pour être à même d’affronter notre présent il nous faut de toute urgence prendre au sérieux la notion de capitalisme du désastre et donc étudier l’offensive libertarienne-autoritaire.
Très bonne lecture et
prenons soin de nos luttes,
Cabrioles
Carnet de recherche pour l’Autodéfense Sanitaire face au Covid19
La libre circulation du virus, une doctrine de gestion des pandémies pour le régime d’accumulation libertarien-autoritaire | Théo Bourgeron
La réponse initiale du Royaume-Uni au Covid-19 n'est pas le résultat d'un déni de la science, elle a été préfigurée par des documents produits par des universitaires, des expert·es de think tanks et des expert·es de l'administration préconisant des politiques alternatives de préparation aux pandémies tout au long des années 2010. La crise du Covid-19 a mis en évidence l'émergence de nouveaux acteurs économiques, dont les modèles économiques leur ont permis de tirer profit de la pandémie. Cela participe à l'essor du "capitalisme du désastre" décrit par Naomi Klein. Lorsqu'une telle crise émerge, les acteurs du "capitalisme du désastre" se définissent par le fait que leur intérêt économique les pousse à préférer la survenue de la catastrophe au coût des mesures publiques nécessaires pour l'empêcher.