Des pics de crises cardiaques chez les jeunes suivent les vagues de COVID-19 | Erin McLaughlin, Maura Hohman [Video]
Une étude récente a montré que les crises cardiaques chez les personnes âgées de 25 à 44 ans ont augmenté de 30 % par rapport au nombre attendu au cours des deux premières années de la pandémie de COVID-19. Pour les survivant·es du COVID-19, le risque de développer une maladie cardiaque même un an après l'infection, quelle que soit la gravité des symptômes, est "substantiel", selon une étude réalisée en février 2022 sur plus de 150 000 personnes atteintes de COVID-19. Le risque augmente même pour les personnes qui ne présentent aucun autre facteur de risque de maladie cardiaque.
Erin McLaughlin est correspondante pour NBC News. Elle réalise des reportages pour l'ensemble de NBC News, MSNBC et les plateformes numériques, notamment "Nightly News", "The Today Show" et "NBC NewsNow". Elle couvre la guerre entre l'Ukraine et la Russie depuis l'Ukraine et l'Europe de l'Est depuis janvier 2022. Elle a également assuré une couverture approfondie de la pandémie de COVID-19. Avant de rejoindre NBC News, Erin McLaughlin était correspondante internationale pour CNN Londres.
Maura Hohman est rédactrice en chef de la rubrique santé de TODAY.com et couvre les actualités et les tendances en matière de santé et de bien-être depuis 2015. Ses articles ont été publiés sur TODAY, NBC News, US News & World Report, People, Everyday Health, WhatToExpect.com, History.com et bien d'autres encore. Elle s'intéresse notamment à la santé des femmes, aux disparités raciales en matière de santé, à la santé mentale et au COVID-19.
Reportage par Erin McLaughlin
Article par Maura Hohman
Lorsque Demi Washington, joueuse de basket-ball à l'université Vanderbilt, a contracté le COVID-19 à la fin de l'année 2020, ses symptômes étaient bénins, se limitant à un écoulement nasal. Mais pour garantir son retour sur le terrain en toute sécurité, l'école lui a fait passer une IRM.
Les résultats ont bouleversé Washington.
Suite à l'infection, la jeune femme, désormais diplômée de l'université, a développé une myocardite, c'est-à-dire une inflammation du muscle cardiaque qui peut réduire la capacité du cœur à pomper le sang. Selon la clinique Mayo, cette affection peut entraîner un accident vasculaire cérébral ou une crise cardiaque. À l'époque, Washington n'était pas vaccinée contre le COVID-19.
"J'étais paniquée parce que pour tout organe interne, on se dit : "Oh, mon Dieu, j'ai besoin de ça pour vivre"", se souvient-elle "Je ne savais pas vraiment ce qui allait en découler, combien de temps cela allait prendre pour se résoudre".
Washington a dû renoncer au reste de la saison 2020-2021, mais en fin de compte, elle est reconnaissante. "Je pense au fait que Vanderbilt fasse passer un IRM, ce que beaucoup d'autres écoles ne font pas. Penser que j'aurais pu jouer si nous ne l'avions pas fait est difficile et effrayant ".
Le médecin de Mme Washington ne lui a jamais dit qu'elle risquait de mourir, mais il a insisté sur l'importance de se reposer et de maintenir son rythme cardiaque en dessous d'un certain seuil. Elle a dû porter une montre pour suivre son activité.
Même si le COVID était très peu connu à l'époque, Washington a déclaré que son médecin était persuadé que son état était dû au coronavirus, car il avait déjà observé quelque chose de similaire chez d'autres athlètes universitaires.
Demi Washington a précisé qu'elle n'avait ressenti aucun symptôme ou signe d'inflammation du cœur et qu'elle n'avait pas de prédisposition génétique. "Il se trouve que c'est moi qui ai été touchée", dit-elle. "Je ne sais toujours pas pourquoi."
Depuis, Washington s'est rétablie et a recommencé à jouer au basketball. Mais son expérience met en lumière les milliers de jeunes adultes infecté·es par le COVID-19 dont la santé ne s'est pas aussi bien rétablie.
COVID-19, crises cardiaques et populations jeunes
Depuis le début de la pandémie de COVID-19, les décès par crise cardiaque sont devenus plus fréquents dans toutes les tranches d'âge aux États-Unis, selon une étude réalisée en septembre 2022 par l'hôpital Cedars Sinai de Los Angeles.
La tranche d'âge la plus touchée ? Les personnes âgées de 25 à 44 ans, qui ont connu une augmentation relative de 29,9 % des décès par crise cardiaque au cours des deux premières années de la pandémie (ce qui signifie que le nombre réel de décès par crise cardiaque a été supérieur de près de 30 % au nombre prévu).
"Les jeunes ne sont évidemment pas censé·es mourir d'une crise cardiaque. Iels ne sont pas censé·es avoir de crise cardiaque du tout", a déclaré le Dr Susan Cheng, cardiologue à Cedars Sinai et coautrice de l'étude.
Selon un communiqué de presse de Cedars Sinai, les adultes âgé·es de 45 à 64 ans ont connu une augmentation relative de 19,6 % des décès par crise cardiaque, et celleux âgé·es de 65 ans et plus, une augmentation relative de 13,7 %. L'augmentation du nombre de décès par crise cardiaque aux États-Unis s'est poursuivie pendant la vague omicron, même si ce variant est présenté comme causant une maladie moins grave, et les pics de décès par crise cardiaque ont coïncidé avec le calendrier des vagues de COVID-19 aux États-Unis.
Romeo Robles, ambulancier du comté de Los Angeles, a expliqué à TODAY, lors de la séquence du 9 février, que les vagues de COVID-19 entraînaient souvent une augmentation des appels au 911 liés à des problèmes cardiaques dans sa communauté.
"Étonnamment, des gens de mon âge... nous les trouvions en arrêt cardiaque, et tout cela était annoncé par ces vagues", a-t-il déclaré.
Pour Mme Cheng, ce lien est "plus qu'une coïncidence, c'est une certitude". Pour expliquer pourquoi, elle a souligné que le COVID-19 peut avoir un impact considérable sur le système cardiovasculaire.
"Il semble pouvoir augmenter l'adhésivité du sang et accroître la probabilité de formation de caillots sanguins", a déclaré Mme Cheng. "Il semble provoquer une inflammation dans les vaisseaux sanguins. Il semble également provoquer chez certaines personnes un stress excessif - qu'il soit directement lié à l'infection ou aux situations entourant l'infection - qui peut également entraîner un pic de tension artérielle."
La raison de l'augmentation relative chez les jeunes en particulier n'est pas claire, mais une théorie, selon Cheng, est que l'impact du virus sur le système cardiovasculaire chez certaines personnes peut être dû à une réponse excessive du système immunitaire et que les jeunes sont plus susceptibles d'avoir une réponse immunitaire forte.
COVID-19 et maladies cardiaques
Pour les survivant·es du COVID-19, le risque de développer une maladie cardiaque même un an après l'infection, quelle que soit la gravité des symptômes, est "substantiel", selon une étude réalisée en février 2022 sur plus de 150 000 personnes atteintes de COVID-19. Le risque augmente même pour les personnes qui ne présentent aucun autre facteur de risque de maladie cardiaque.
Le Dr Ziyad Al-Aly, médecin-chercheur à la Washington University School of Medicine de St. Louis et co-auteur de l'étude, estime qu'environ 4 % des personnes atteintes du COVID-19 développeront un problème cardiaque, comme des troubles du rythme cardiaque, une insuffisance cardiaque, une inflammation ou un infarctus du myocarde.
"C'est un petit nombre, mais en réalité, mais si vous multipliez ce chiffre par le nombre important de personnes aux États-Unis et dans le monde entier qui ont eu le COVID-19, ce chiffre n'est plus si petit", a-t-il déclaré à TODAY.
Selon le National Heart, Lung and Blood Institute, une théorie expliquant ce phénomène est liée à la manière dont l'organisme est censé réagir aux virus, c'est-à-dire en créant une inflammation. "Chez certaines personnes atteintes de COVID-19, cependant, l'inflammation semble s'emballer", note l'institut. "Une inflammation trop importante peut endommager davantage le cœur ou perturber les signaux électriques qui l'aident à battre correctement, ce qui peut réduire sa capacité de pompage ou conduire à des anomalies du rythme cardiaque, ou aggraver une arythmie existante".
Certaines recherches commencent à mettre en évidence l'impact du COVID-19 sur le cœur. Une étude de février 2023 a montré que la réponse immunitaire inflammatoire à une infection par le COVID-19 peut provoquer une fuite de calcium du cœur, ce qui peut entraîner des troubles du rythme cardiaque mortels. Les sujets de cette étude n'étaient pas vaccinés, et les recherches montrent qu'une infection par le COVID-19 est plus susceptible de provoquer des problèmes cardiaques que la vaccination, selon les Centers for Disease Control and Prevention (Centres de contrôle et de prévention des maladies).
Le National Heart, Lung and Blood Institute souligne également que COVID-19 peut affecter les cellules du cœur. Une étude de janvier 2023, débutée avant que le vaccin ne soit disponible, a examiné la relation entre une infection par le COVID et la protéine troponine dans le sang, qui est associée à des lésions du muscle cardiaque ou à des crises cardiaques. Elle a mis en évidence que 61 % des personnes hospitalisées pour COVID-19 et présentant des taux élevés de troponine souffraient d'anomalies cardiaques, telles que des cicatrices résultant d'une crise cardiaque.
Certaines personnes développent des caillots sanguins après une infection par le COVID-19, parfois dans le cœur, explique le National Heart, Lung and Blood Institute. Le virus peut attaquer les vaisseaux sanguins, provoquant une poussée d’inflammations cellulaires qui peuvent déclencher la libération de molécules contribuant à la formation de caillots sanguins.
De plus, le risque de développer un COVID long, dont des problèmes cardiaques, augmente avec chaque infection par le COVID-19, a souligné Al-Aly. Par conséquent, les communautés latino et noires, qui présentent des taux de réinfection plus élevés, sont particulièrement exposées aux problèmes cardiaques après une infection par le COVID, a déclaré Dr Cheng.
Alors que les médecins et chercheur·euse continuent d'étudier les données qui lient COVID-19 et maladies cardiaques, le meilleur plan d'action est d'éviter l'infection autant que possible, ont déclaré Cheng et Al-Aly. Pour ce faire, il faut
Portez un masque dans les lieux très fréquentés et privilégier les contacts en extérieurs avec les personnes ne faisant pas partie de votre foyer.
Restez à jour dans vos vaccinations. Les recherches montrent que vous avez 11 fois plus de chances de développer une myocardite à cause du COVID lui-même que du vaccin, a déclaré le Dr John Torres, correspondant médical principal de NBC News, lors d'une émission de TODAY le 9 février.
Faites un test COVID-19 dès que vous commencez à présenter des symptômes et restez chez vous lorsque vous êtes malade.
Si vous avez été infecté par le COVID-19, en particulier à plusieurs reprises, Cheng vous encourage également à surveiller vos facteurs de risque de maladie cardiaque, tels que votre tension artérielle, votre cholestérol et votre taux de sucre dans le sang. Selon les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies, les signes typiques d'une crise cardiaque sont les suivants
Douleur ou gêne thoracique, telle qu'une pression, un écrasement ou une sensation de plénitude.
Faiblesse, étourdissement ou évanouissement.
Sueurs froides.
Douleur ou gêne dans la mâchoire, le cou ou le dos.
Essoufflement, en même temps ou avant la gêne thoracique.
La recherche du Cedars Sinai montre qu’avant la pandémie de COVID-19, le nombre de décès par crise cardiaque avait tendance à diminuer aux États-Unis, mais la pandémie semble avoir inversé la tendance.
"J'aimerais pouvoir dire que nous voyons le bout du tunnel et que nous pouvons considérer le COVID comme un simple rhume. Malheureusement, ce n'est pas le cas. Toutes les données le montrent clairement", a déclaré Dr Cheng. "Cela n’a rien à voir avec la grippe. Ce virus est encore très différent de tous les autres virus que nous avons vus au cours de notre vie".
Publication originale (09/02/2023) :
NBC News Today