“Peste éternelle” : Andrew Nikiforuk répond aux critiques
Il s'agit de reconnaître lucidement ce qui doit être reconnu ; de dissiper les zones d'ombre et de faire ce qui doit être fait.
Andrew Nikiforuk est journaliste, spécialiste des épidémies ainsi que des questions économiques et environnementales. Il a notamment publié les livres The Fourth Horseman, Pandemonium et Saboteurs. En français il a publié chez Écosociété Les sables bitumineux : la honte du Canada en 2010 et L'énergie des esclaves : le pétrole et la nouvelle servitude en 2015.
// Note de Cabrioles : Paru le 4 juillet 2022 sur le journal canadien The Tyee l’article Préparez-vous pour la peste éternelle de Andrew Nikiforuk - dont nous avons publié une traduction le 6 juillet - est rapidement devenu viral, sucitant des centaine de milliers de vue ainsi que de vifs débats et critiques. L’auteur, Andrew Nikiforuk, a apporté une réponse à celles-ci le 8 juillet. Voici notre traduction de sa réponse. //
En tant que journaliste, mon travail ne consiste pas à édulcorer la réalité, à encourager le statu quo ou à défendre les puissant·es. Ma responsabilité est de mettre les tendances émergentes sur le radar de tout le monde, en particulier pendant une nouvelle pandémie qui affecte de manière disproportionnée les pauvres.
Mon dernier article sur le COVID - "Préparez-vous pour la peste éternelle" : La complaisance des responsables de la santé publique à l'égard du COVID a ouvert la porte à de nouvelles maladies et à des dommages dévastateurs à long terme" - fait simplement cela.
Il avertit les gens que les variants d'Omicron évoluent à une vitesse record. De plus, ces nouveaux variants sont des experts en matière d'évasion immunitaire et de transmission rapide.
Mon article ajoute que les réinfections sont un phénomène croissant et d’une ampleur nouvelle. Il mettait en garde contre le fait que les réinfections s'accompagnent de risques plus élevés de conséquences néfastes pour la santé. Il ajoute que nos vaccins, à ce jour, sont de moins en moins efficaces pour protéger contre les infections.
Enfin, l'article souligne que l'infection, qu'elle produise des symptômes légers ou graves, peut déstabiliser le système immunitaire.
L'article se terminait en rappelant aux lecteur·ices que nos meilleures protections restaient les masques FFP2/N95, l'évitement des foules, l'amélioration de la ventilation et de la filtration de l'air (le virus est transmis par l'air), les tests, la traçabilité et la transparence de la collecte et de la transmission des données. J'ai ajouté que les vaccins sont d'une importance capitale mais qu'ils ne peuvent à eux seuls stopper la pandémie sans le soutien d'autres mesures de santé publique telles que les masques et une meilleure ventilation.
Mais de nombreuses juridictions en Amérique du Nord ont abandonné ou minimisé ces outils importants. Beaucoup ont pratiquement renoncé à combattre le feu du COVID par des mesures de santé publique autres que la distribution de vaccins. Malheureusement, la responsabilité personnelle n'est pas un substitut efficace à l'action commune pendant une pandémie.
Ce que je pensais être un simple avertissement sur la prochaine vague a, contre toute attente, touché une corde sensible. Cette histoire est devenue aussi virale qu'un sous-variant d’Omicron. Elle a suscité un débat énorme et souvent acrimonieux dans les réseaux sociaux. Certain·es ont loué l'article pour avoir souligné les nouveaux risques et pour ne pas avoir minimisé la menace du COVID.
D'autres n'étaient pas d'accord. Iels ont dénoncé l'article comme étant alarmiste et inexact. Le magazine Slate, par exemple, a démoli l'article en précisant cependant que : "L'article sur la "peste éternelle" a trouvé un écho auprès de nombreuses personnes parce qu'il réussi à faire sentir l'urgence de la pandémie alors que l'esprit du temps est désespérément blasé."
La popularité de l'article reflète probablement les préoccupations croissantes concernant l'évolution de la pandémie et les récits contradictoires sur la manière d'y faire face. Les minimisateur·ices disent que nous n'avons pas à nous inquiéter. Les réalistes, comme moi, ne sont pas de cet avis.
Je tiens à souligner que des personnes, des scientifiques, des journalistes et des médecins, peuvent examiner les données disponibles et parvenir à des conclusions différentes.
La réponse appropriée n'est pas d'être dédaigneux·ses, d'attaquer ou de qualifier les travaux de mensongers, mais de critiquer et de proposer une analyse alternative.
Le COVID a, pour une quelconque raison, créé une situation où tout écart par rapport au point de vue officiel de la santé publique entraîne une réponse qui semble destinée à réduire au silence cell·eux qui défendent des protections sanitaires appropriées.
Angela Rasmussen, virologue réputée, s'est particulièrement offusquée de l'article, même si elle en partageait plusieurs des points essentiels. Comme beaucoup de détracteur·ices, elle a qualifié l'article d'"hyperbolique" et de mal documenté. Elle m'a également accusé d'être "alarmiste". Il est clair qu'elle n'a pas apprécié le ton ou la formulation de l'article.
Ok. Analysons certains points importants soulevés par Rasmussen, Slate et d'autres. La virologue a commencé par affirmer que c'est une hyperbole de dire que le COVID peut "faire des ravages" sur n'importe quel organe du corps. "Les virologues diraient que ce virus a un large tropisme tissulaire. C'est le cas du SRAS-CoV-2. Il infecte de nombreux tissus", a tweeté la virologue.
Rasmussen a ensuite signalé une erreur évidente. Un lien dans mon article destiné à une référence aux variants évolutifs a été attaché par erreur à " faire des ravages ". Elle s'est demandée, à juste titre, où étaient passées les preuves à l'appui de " faire des ravages ". The Tyee a fait une erreur, et nous l’avons rectifiée. Nous avons également modifié l'expression "tout organe du corps" par " organes vitaux du corps" pour être plus précis.
Voici donc quelques liens sur les ravages que peut causer le COVID sur différents organes : Une étude écossaise récente a trouvé des "anomalies multisystèmes persistantes" chez 159 patient·es COVID ayant quitté l'hôpital. Ces anomalies comprenaient "une inflammation cardio-rénale, une diminution de la fonction pulmonaire" et d'autres conséquences défavorables.
Le COVID, même léger, est lié à des lésions cérébrales. Et oui, même un COVID léger peut augmenter le risque de problèmes cardiaques ou de dommages durables aux voies respiratoires.
Pour une discussion plus longue sur le "large tropisme tissulaire" ou les ravages sur les organes, je vous recommande cet article de Science.
Rasmussen soutient ensuite que j'ai dit qu'il y a "de plus en plus de données scientifiques" montrant que "les réinfections vont tous nous tuer avec des défaillances d'organes multiples". C'est une hyperbole et je n'ai jamais écrit cela. J'ai dit que les infections et les réinfections augmenteront le nombre de personnes souffrant de problèmes de santé, et notamment de Covid longs. Si vous voulez sérieusement critiquer un auteur pour hyperbole, il est probablement préférable de s'abstenir de cette pratique vous-même.
Rasmussen, comme beaucoup d'autres critiques, a ensuite feint d'ignorer que des expert·es minimisaient les infections par COVID en les considérant comme inévitables et même bénéfiques. Les critiques sceptiques ont laissé entendre qu'il n'y avait aucune preuve de cela. Permettez-moi de fournir deux liens vers des articles du Wall Street Journal représentant ce type de pensée délétère. Un de ces article promettait une bonne chance d'immunité collective d'ici avril.
L’ autre disait que prendre des mesures pour accélérer la propagation d'Omicron produirait de meilleurs résultats à long terme.
Abordons maintenant diverses problématiques concernant l'immunité et la réinfection. Le magazine Slate a affirmé que mon article était rempli de contre-vérités. Il dit qu'il n'est pas vrai que l'infection par le COVID peut déstabiliser et vieillir votre système immunitaire. Il dit qu'il n'est pas vrai que les nouvelles infections ne conférent pas d'immunité. Et il conteste également ma déclaration selon laquelle "il est désormais possible d'être réinfecté par un des variants d'Omicron toutes les deux ou trois semaines."
Voici pourquoi j'ai écrit ce que j'ai écrit.
En 2021, la chercheuse Niharika Duggal de l'université de Birmingham a signalé lors d'une conférence que les patient·es COVID sorti·es de l'hôpital présentaient "le déclin, lié à l'âge, de la capacité du corps à constituer un système de défense contre les virus et autres maladies”. Le New Scientist a également écrit sur le vieillissement prématuré du système immunitaire chez les patient·es COVID.
Une étude publiée en mars conclut que l'infection par le COVID "peut entraîner un dysfonctionnement des cellules T, une déplétion et finalement une lymphopénie chez les patient·es". En clair, une infection peut causer des dommages directs au système immunitaire.
L'immunologiste Anthony Leonardi défend ces points depuis longtemps. Il pense que le virus est bien structuré pour défier en série et faire vieillir insidieusement le système immunitaire. Voici un excellent entretien avec lui.
Leonardi a d'ailleurs été l'un des premiers chercheurs à théoriser qu'une infection par le COVID pouvait rendre les individus plus susceptibles de pâtir d’effets néfastes d'une seconde infection, en raison d'un dérèglement immunitaire. Comme pour un certain nombre d’éléments émergents du puzzle COVID, de nombreux expert·es de la santé ont trouvé cette idée désagréable et sont tombés sur Leonardi de la même manière qu'iels tombent maintenant sur The Tyee.
Pourtant, une nouvelle recherche importante, que mon article met en lumière, a comparé des personnes atteintes de réinfections à celles qui n'avaient été infectées qu’une fois. Les réinfections doublaient la mortalité toutes causes confondues et les troubles cardiaques et pulmonaires. Elles ont également multiplié par trois le risque d'hospitalisation.
Eric Topol, un médecin et écrivain scientifique américain fiable, a noté une autre découverte inquiétante : "avec des épisodes supplémentaires de COVID, pour chaque résultat, il y avait une augmentation progressive du risque."
Ainsi, Leonardi a eu plus souvent raison que tort. Slate devrait peut-être dresser le profil de ce scientifique très crédible et controversé et lui demander ce qu'il voit que tant d'autres préfèrent ignorer.
Abordons maintenant le sujet polémique des réinfections répétées sur de courtes périodes. Pour une raison ou une autre, cette question a dérangé beaucoup de critiques.
Rappelez-vous, j'ai écrit qu'"il est maintenant possible d'être réinfecté par un des variants d'Omicron toutes les deux ou trois semaines". Slate, cependant, a commis sa propre hyperbole sur la question en disant qu'"un article viral dépeint un tableau où nous sommes constamment malades." Ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai simplement averti que c'était une réelle possibilité pour certain·es d'entre nous si nous n'arrêtons pas la transmission. Je n'ai pas dit que c'était déjà notre réalité ou qu'à un moment donné, nous serions tous constamment malades du COVID.
Quelle est donc la réalité ?
En avril dernier, les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies ont publié un rapport de terrain sur les réinfections. Ce rapport fait état de dix cas de réinfection, tous survenus pendant la vague Omicron, la plupart chez des enfants et des professionnels de la santé. L'intervalle le plus court entre une infection et une réinfection ultérieure avec une lignée différente de COVID était de 23 jours - d'où le fondement de ma phrase.
Les chercheurs ont ajouté que "les tests antigéniques sont de plus en plus souvent effectués à domicile, ce qui fait que les prélèvements ne sont pas disponibles pour les tests de souche. Ainsi, la plupart des réinfections précoces ne sont probablement pas identifiées". On ne connaît donc pas le nombre réel de personnes ayant eu des réinfections dans les 30 ou 90 jours, mais il est probablement beaucoup plus élevé que ce que les CDC ont relevé. (Il est important de noter que les réinfections peuvent également représenter des rechutes par lesquelles des infections persistantes réapparaissent).
Le CDC n'est pas le seul groupe à rendre compte des intervalles de réinfection. Le Congrès européen de microbiologie clinique et des maladies infectieuses a récemment rapporté le cas d'une soignate espagnole entièrement vaccinée qui a attrapé Delta. Vingt jours plus tard, elle a été réinfectée par Omicron. Le congrès a terminé son compte rendu par cet avis :
"Ce cas met en évidence le potentiel du variant Omicron à échapper à l'immunité antérieure acquise soit par une infection naturelle avec d'autres variants, soit par des vaccins. En d'autres termes, les personnes qui ont eu le COVID-19 ne peuvent pas supposer qu'elles sont protégées contre une réinfection, même si elles ont été entièrement vaccinées."
Compte tenu de ces preuves et des rapports empiriques des travailleur·euses de santé ayant des antécédents de réinfections, les autorités de santé publique devraient tenir un registre des réinfections et suivre les conséquences biologiques au fil du temps.
Très bien. Abordons rapidement la situation en Australie, où deux variants d'Omicron, BA4 et BA5, font rage. Voici ce qu'Andrew Robertson, médecin-chef de la santé en Australie occidentale, a récemment déclaré aux citoyen·nes au sujet des réinfections.
"Ce que nous observons, c'est un nombre croissant de personnes qui ont été infectées par le BA2 et qui sont ensuite infectées (à nouveau) au bout de quatre semaines", a-t-il déclaré. "Donc peut-être six à huit semaines (plus tard), iels développent une deuxième infection et c'est presque certainement soit BA4 soit BA5".
Et maintenant, le Comité principal de protection de la santé australien a annoncé que les intervalles de réinfection avaient été réduits de 12 semaines à 28 jours.
Le San Francisco Chronicle vient de rapporter que la soi-disant "immunité hybride" (vaccin combiné à une infection antérieure) ne fonctionne pas non plus. "Des personnes vaccinées et ayant fait un rappel, qui ont été infectées aussi récemment que lors de la vague Omicron de janvier, se retrouvent testées positives pour le coronavirus une deuxième, voire une troisième fois." Et ainsi de suite.
Un article récent du New York Times a examiné les données relatives à la réinfection en Afrique du Sud (c'est un problème important dans ce pays) et a spéculé sur l'avenir, comme je l'ai fait dans mon article.
L'article citait Kristian Andersen, virologue au Scripps Research Institute de San Diego. Il a fait cette déclaration : "Si nous gérons la pandémie comme nous le faisons actuellement, la plupart des gens seront infectés au moins deux fois par an. Je serais très surpris si les choses ne se déroulaient pas de cette façon." Je ne pense donc pas que j'étais alarmiste. Une caractérisation plus appropriée de mon intention serait d'exhorter, dans les termes les plus forts, les responsables de la santé publique et les citoyen·nes à appliquer le principe de précaution face à des variants à évolution rapide et hautement contagieux.
Les réinfections se produisent partout et conduiront à davantage de cas de COVID long. Robert Wachter, professeur de médecine à l'université de Californie, a récemment fait remarquer dans le Washington Post que "la personne la mieux protégée a encore au moins une chance sur 20 d'avoir des symptômes persistants" si elle est infectée.
La vérité est la suivante : les infections ne nous offrent pas une protection fiable contre les réinfections et notre système immunitaire en pâtit. Même l'Organisation mondiale de la santé a mis en garde contre cette possibilité en 2020. Avec peu de mesures de santé publique mises en œuvre, la société a choisi une voie de vulnérabilité durable face à ce virus et à ses variants.
Le mois dernier, une étude très importante publiée dans la revue Science a apporté un éclairage supplémentaire sur cette question cruciale. Elle averti que les variants d'Omicron sont de mauvais stimulants de l'immunité contre les infections futures.
Rosemary Boyton, immunologiste à l'Imperial College de Londres, a constaté que "le fait d'être infecté par Omicron ne renforce pas fortement l'immunité contre une réinfection par Omicron à l'avenir". En effet, même les personnes triplement vaccinées "présentaient une réponse en anticorps neutralisants 20 fois moins importante contre Omicron que contre la souche initiale 'Wuhan'".
Lorsque les expert·es parlent d'"immunité" contre les infections par le COVID, les gens supposent qu'iels bénéficient d'une sorte de protection durable et d'un bouclier contre tout autre dommage. Les travaux de Boyton indiquent que ce ne serait pas le cas.
En cette heure peu courtoise de tweets effrénés, j'espère que personne n'a accusé Mme Boyton d'alarmisme ou d'hyperbole. Je recommande vivement aux citoyen·nes intéressé·es d'écouter le compte rendu minutieux des résultats scientifiques qu'elle a présenté à un groupe consultatif scientifique indépendant en Angleterre la semaine dernière. Cela donne à réfléchir.
L'immunologiste britannique Danny Altmann a ajouté un autre point important. Non seulement Omicron peut "percer les défenses vaccinales, mais il semble laisser très peu des traces que l'on attendrait sur le système immunitaire - il est plus furtif que les variants précédents et passe sous le radar, de sorte que le système immunitaire est incapable de s'en souvenir".
C'est pourquoi j'ai écrit sans ambages dans mon article que les nouvelles infections ne confèrent aucune immunité. Mais pour être précis (et éviter les conflits sémantiques), j'aurais dû dire que les nouvelles infections confèrent une immunité si faible - parce que le système immunitaire est incapable de s'en souvenir - que nous devons faire appel à toutes les autres protections disponibles. The Tyee a apporté cette correction à l'article original.
Enfin, de nombreuses critiques ont dénoncé l'article comme étant alarmiste et catastrophiste. Certain·es ont même demandé sa suppression. Je ne suis pas du tout d'accord. Contrairement à bon nombre de nos responsables de santé publique, l'article a communiqué clairement les nouvelles recherches ainsi que l'inquiétude croissante concernant l'évolution de cette pandémie et sa complexité.
En tant que tel, l'article (comme certain·es expert·es de la santé sérieux·ses) a remis en question les récits optimistes du statu quo.
De nombreux·ses dirigeant·es ont minimisé Omicron en le qualifiant de "bénin" et ont prévu qu'une "endémicité inoffensive" arriverait d'un jour à l'autre ou serait déjà là. Iels ont également promis une immunité généralisée, une immunité hybride et une immunité de groupe. Iels ont affirmé que les variants évolueraient vers un état bénin. Les réinfections et les variants qui échappent à l'immunité ont fait de gros trous dans ce récit. L'idée qu'il y a un avantage à être infecté s'est révélée fausse. Et maintenant, "le pire variant" est arrivé.
La minimisation n’est pas la recette pour mettre fin à la pandémie, mais pour l'aggraver.
Yaneer Bar-Yam, expert en systèmes complexes et fondateur du World Health Network, a depuis longtemps mis en garde contre la trajectoire de la pandémie et la nécessité de réduire la transmission grâce à une combinaison d'outils, dont le dépistage généralisé. M. Bar-Yam reconnaît que les phénomènes complexes comme les pandémies entraînent souvent des résultats imprévus et non linéaires.
Lui aussi a rejeté l'idée que les variants futurs seront plus gentils et plus légers.
"Dans un contexte d'incertitude, vous cherchez généralement à agir en fonction des choses qui pourraient vous faire le plus de mal plutôt qu'en fonction de celles qui pourraient s'avérer les plus favorables", a noté Bar-Yam dans une interview de 2021. "Si vous marchez le long d'une falaise qui risque de s'effondrer, vous changez de cap. Vous ne continuez pas à marcher sur le bord de la falaise en vous disant : "Il se peut qu'elle ne s'écroule pas". Mais c'est exactement ce que nous sommes en train de faire".
Le grand romancier Albert Camus a observé dans La Peste que le travail d'un médecin pendant une pandémie est difficile. Il n'est ni glorieux ni empreint d'optimisme. Il "s'agit de reconnaître lucidement ce qui doit être reconnu ; de dissiper les zones d'ombre et de faire ce qui doit être fait."
C'est aussi le travail d'un journaliste, et c'est ce que je vais continuer à faire ici, au Tyee.
Publication originale (08/07/2022) :
The Tyee