Masculinité démasquée | Eve Ng
Considérer le genre, la science et la nation dans les réponses au Covid-19
Les actions de personnalités politiques telles que Trump et Bolsonaro ne sont pas simplement le fait de dirigeants masculins qui font preuve d'imprudence à l'égard de leur propre santé, mais reflètent le mépris masculiniste hégémonique pour les approches communautaires des problèmes de société. Dans des pays comme les États-Unis, cette situation a été aggravée par la manière dont la production des connaissances scientifiques est également genrée.
Eve Ng est professeur associé à l'université de l'Ohio, à l'école des arts et études médiatiques et au programme d'études sur les femmes, le genre et la sexualité. Ses recherches sur les médias, la culture et la politique portent sur plusieurs domaines interdépendants : la production et la consommation de médias queer, les cultures médiatiques numériques, l'activisme LGBTQ, la race, la nation et la postcolonialité.
Dès les premiers jours de la pandémie de Covid-19, est apparue la réticence de nombreux hommes - y compris des dirigeants politiques - à porter des masques, la masculinité normative codifiant la valeur protectrice des masques comme signe de la faiblesse de celui qui les porte1. Des commentateur·ices ont souligné que les pays ayant des femmes à la tête de l'État s'en sortaient mieux que plusieurs pays importants dirigés par des hommes, mettant en évidence une association entre un "leadership fort" et une "masculinité arrogante"2. Les dirigeants masculins "autoritaires, vaniteux et arrogants", tels que le Premier ministre britannique Boris Johnson, le président brésilien Jair Bolsonaro, l'ayatollah Ali Khamenei en Iran et le président Donald Trump aux États-Unis, ont présidé à certains des taux d'infection et de mortalité par le Covid-19 les plus élevés du monde, contrairement, par exemple, à la Nouvelle-Zélande dirigée par la Première ministre Jacinda Ardern, à l'Allemagne dirigée par la chancelière Angela Merkel et à Taïwan dirigée par la présidente Tsai Ing-wen3.
Pourtant, au-delà de la relation entre le genre du ou de la dirigeant·e d'un pays et ses statistiques sur le coronavirus, les dimensions genrées des réponses au Covid-19 reflètent et composent l'autorité changeante de la science et les discours sur l'identité nationale.. Au cœur de la contestation mondiale des dominations économiques et politiques, il y a un besoin urgent d'approches féministes dynamiques des constructions de la masculinité culturellement et historiquement situées4. Au niveau politique, il y a des enjeux non seulement à faire face équitablement et avec succès à la pandémie, mais aussi à adopter des approches multilatérales éclairées par d'autres problématiques mondiales urgentes, telles que l'immigration, le travail et l'environnement. Par la théorie féministe, cet article met en évidence l'intérêt de réunir les études sur les discours médiatiques, la science et la technologie, et la mondialisation pour analyser la féminisation contingente de la recherche et de la connaissance scientifiques. La crise du coronavirus a également amplifié un nationalisme masculiniste dans certains pays, lié à la fois aux représentation de leaders masculins individuellement invulnérables et à la force supposée de la nation.
Masques contre hydroxychloroquine :
masculinité hégémonique et "force"
En examinant la dimension genrée des réponses sanitaires au COVID-19, il est important de noter que toutes les mesures n'ont pas été associées de la même manière à des menaces pour la "force" masculine. Notamment, la prise de médicaments, y compris à titre prophylactique, a été pratiquée et encouragée de manière significative par Trump et Bolsonaro. Le président brésilien a continué à vanter l'utilisation de l'hydroxychloroquine, un médicament antipaludique, après avoir été diagnostiqué positif au COVID-19 en juillet 2020, tandis que le traitement de la propre infection au COVID-19 de Trump en octobre 2020 comprenait l'utilisation de plusieurs médicaments expérimentaux, y compris un cocktail d'anticorps développé par la société pharmaceutique Regeneron, le médicament antiviral Remdesivir et le stéroïde dexaméthasone. Comparé au port du masque, les récits autour des traitements médicamenteux sont plus directement formulés en métaphores guerrières - un médicament "combat" ou "vainc" la maladie ou "tue" les agents pathogènes, ce que ne fait pas un masque. Cependant, ces métaphores sont également courantes dans le discours sur les questions de santé publique en général, avec des références au "combat", aux "lignes de front" et à la "guerre" elle-même, comme l'ont déjà expliqué des spécialistes de l'épidémie de SIDA5.
La différence majeure entre ces démonstrations de bravades pharmaceutiques et la réticence aux prescriptions de santé publique est que la prise de médicaments est un comportement individuel dont les résultats ne dépendent pas de la coopération d'autres personnes. Les sceptiques conservateurs ont associé l'utilisation de masques et la distanciation sociale à des politiques progressistes suspectes qui portent atteinte aux libertés individuelles parce qu'elles exigent la coopération d'une grande majorité de la population pour être efficaces. En effet, Bolsonaro a déclaré sans ambages que "les gens de droite prennent de la chloroquine"6. Cette déclaration s'inscrit dans le droit fil d'un discours conservateur qui s'en prend à la gauche en dénigrant la "féminité" de ses préoccupations à l'égard des populations vulnérables, de l'environnement et de l'impératif pour l'État d'œuvrer activement en faveur d'une plus grande égalité sociale7. Dans cette optique, les actions de personnalités politiques telles que Trump et Bolsonaro ne sont pas simplement le fait de dirigeants masculins qui font preuve d'imprudence à l'égard de leur propre santé, mais reflètent le mépris masculiniste hégémonique pour les approches communautaires des problèmes de société. Dans des pays comme les États-Unis, cette situation a été aggravée par la manière dont la production des connaissances scientifiques est également genrée.
Présidents vs experts en santé publique :
le savoir scientifique et le genre
Hormis quelques exceptions intéressantes, la science occidentale est depuis longtemps produite et entretenue comme une entreprise d'élite masculine en termes de praticiens, de méthodes et de modes de raisonnement8. Ses binarismes genrés privilégient la technologie à la nature, la science "dure" aux sciences humaines, et la méthode expérimentale par rapport à d'autres approches de recherche plus holistiques9. Pourtant, son autorité est devenue plus incertaine, et la crise du coronavirus met en évidence les manières multiples et parfois contradictoires dont la science reste genrée. D'une part, la masculinité de la science a fait l'objet de critiques significatives au cours des dernières décennies, les femmes étant plus nombreuses à s'orienter vers des carrières dans le domaine des STIM (science, technologie, ingénierie et mathématiques)10. D'autre part, les féministes ont critiqué l'épistémologie des théories et de la méthode scientifiques occidentales11. La diffusion des connaissances scientifiques est également genrée ; si le travail consistant à informer le public sur la science est beaucoup plus féminisé que la science elle-même, les femmes dans le domaine de la communication scientifique occupent généralement des rangs inférieurs. Ce sont principalement des hommes qui jouissent de "la reconnaissance, du statut, des postes de direction et des récompenses financières et de de retombées en terme de réputation."12 Cela inclut plusieurs épidémiologistes et scientifiques qui ont atteint une grande visibilité médiatique pendant la pandémie de COVID-1913. Pourtant, dans plusieurs pays, il existe des tensions évidentes entre les politiciens et les scientifiques autour de la stratégie de lutte contre le COVID-19, ce qui témoigne d'une marginalisation genrée de la science qui va au-delà de leurs représentant-es.
Les attaques de dirigeants tels que Bolsonaro et Trump contre leurs propres conseiller·es en santé publique s'inscrivent dans un contexte de montée du scepticisme et du déni de la science dans de nombreux pays14. Dans certains cas, cela est lié à la politisation spécifique de phénomènes tels que le changement climatique, où il existe une association entre le scepticisme scientifique et le conservatisme politique15. Ces problèmes sont probablement exacerbés par la prolifération de désinformation et les accusations injustifiées de "fake news", qui augmentent l'incertitude quant à l’indépendance des sources16. Néanmoins, ce n'est peut-être pas une coïncidence si cet affaiblissement général de l'autorité scientifique se produit alors que la science a cessé d'être un bastion masculin. Si, dans une certaine mesure, des incidents tels que les suggestion de Trump d’ingérer de l'eau de Javel comme traitement du COVID-19 reflètent un anti-intellectualisme plus large au sein de certains cercles conservateurs, la méthode scientifique largement acceptée (malgré tous ses éléments problématiques) implique une expérimentation et des tests fondés sur les connaissances théoriques actuelles et les recherches antérieures. Particulièrement dans le cas des essais de médicaments, ce processus exige une certaine prudence et un examen attentif des données qui ne s'accordent pas bien avec les pulsions masculinistes d'action rapide et de résultats clairs. Écouter les scientifiques, en d'autres termes, est une position potentiellement féminisante à éviter dans le cadre de la masculinité de cow-boy adoptée par Trump et Bolsonaro.
Il y a bien sûr eu d'autres pandémies, mais les plus récentes n'ont pas atteint le niveau du COVID-19 en termes d'impact pour une majorité de la population mondiale. Ebola, le MERS et le SRAS ont eu des taux de mortalité plus élevés, mais elles ont été limitées à quelques régions du monde avec des milliers de cas, pas des millions. Le SIDA a été une véritable pandémie, géographiquement parlant, mais n'a pas nécessité autant de changements de comportement au quotidien pour la population générale. Il serait néanmoins instructif de comparer le dénigrement de la science à l'époque du COVID-19 avec la façon dont les recommandations scientifiques ont été reçues lors d'autres crises sanitaires mondiales majeures. Cela permettrait de mieux comprendre comment les connaissances scientifiques ont été genrées et marginalisées dans divers contextes et quels facteurs influencent ces phénomènes.
Le nationalisme masculiniste
et le détournement du multilatéralisme
Les réponses au COVID-19 illustrent également l'imbrication des dimensions genrées et nationales dans la politique internationale contemporaine. Comme l'ont montré les analyses féministes du nationalisme et de la mondialisation, les hiérarchies de genre sont produites à l'intersection avec la race, l'ethnicité, la nation, la classe et d'autres dimensions sociales17. Ainsi, les identités nationales sont profondément genrées, même si elles le sont de manière distincte selon les conditions géopolitiques et historiques. L'un des principaux discours est celui de la femme-symbole, importante en tant que représentation de la nation ou emblème de ce qui doit être défendu contre les violations étrangères18. En même temps, l'identité nationale genrée définit souvent la force par la puissance militaire virile et le pouvoir coercitif de l'État exercé contre d'autres ennemis19. Toute menace à l'efficacité de ce pouvoir met également à mal la masculinité normative qui sous-tend cette construction de l'identité nationale. Dans des pays comme les États-Unis de Trump, où les imaginaires de robustesse virile sous-tendent les identités des dirigeants individuels ainsi que leurs conceptions de la force nationale, le caractère insaisissable du COVID-19 représente une menace pour les deux. Ainsi, il a suscité des réponses visant à renforcer le nationalisme virilisé d'une manière qui est préjudiciable à la fois à la santé publique nationale et aux efforts multilatéraux pour lutter contre le virus.
Au niveau du commerce international, le COVID-19 a mis en évidence la dépendance mondiale à l'égard de la Chine, considérée comme "l'usine du monde" au cours des dernières décennies. Aux premiers stades de la pandémie, de nombreux dirigeants occidentaux ont été frustrés de constater que les fournitures médicales dont leurs pays avaient désespérément besoin étaient pour la plupart fabriquées en Chine, qui, confrontée à ses propres flambées épidémiques au début de 2020, a d'abord souhaité conserver la quasi-totalité des équipements de protection individuelle (EPI) qu'elle fabriquait pour ses propres citoyens. La dépendance à l'égard d'autres pays étant considérée comme une faiblesse gênante, les pratiques opposées au libre-échange en vigueur aux États-Unis ont été renforcées par les appels de la Maison Blanche aux entreprises américaines pour qu'elles fabriquent des articles tels que des respirateurs à destination du marché intérieur uniquement. Jusqu'à ce que leur propre charge se stabilise de manière significative, les États-Unis ont brièvement interdit l'exportation d'EPI, même au Canada, leur allié de longue date, et à d'autres voisins des Caraïbes et d'Amérique du Sud qui avaient leurs propres demandes urgentes20.
Si le commerce néolibéral n'est en aucun cas la solution aux inégalités mondiales, le fait d'empêcher l'exportation d'équipements vitaux témoigne d'une attitude plus générale contre la coopération et l'interconnexion transnationales, intimement liée à l'individualisme masculiniste et à un anti-mondialisme raciste et xénophobe. Ce type d'approche individualiste a également été mis en évidence par l'achat par les Etats-Unis, en juin 2020, de la quasi-totalité du stock mondial du remdesivir, un médicament potentiel contre le COVID-1921. De telles actions aggravent le "nationalisme vaccinal" qui menace les collaborations transnationales pour la recherche, la production et la distribution d'un vaccin contre le COVID-1922. Il est donc crucial de théoriser les réponses au COVID-19 dans un cadre d'études critiques de la mondialisation, en allant au-delà des différences bien connues de pouvoir géopolitique pour identifier les façons dont les hiérarchies genrées et racialisées constituent ces asymétries mondiales.
Conclusion
Le 26 juin 2020, Liz Cheney a tweeté une photo de son père, ancien vice-président de George W. Bush, portant un masque, avec la légende et le hashtag : "Dick Cheney dit PORTEZ UN MASQUE. #realmenwearmasks"23. En juillet, le président Trump s'est enfin exprimé de manière positive sur le port du masque et a officiellement encouragé la population à suivre les recommandations des Centers for Disease Control and Prevention sur le port du masque24. Trump a également été vu portant occasionnellement un masque par la suite, y compris lorsqu'il a lui-même été infecté par le COVID-19. Cependant, quelques changements dans la rhétorique et les actions d'éminents républicains ne doivent pas occulter la manière dont les réponses au COVID-19 aux États-Unis et ailleurs ont été et restent problématiques du point de vue du genre. Les nationalismes musculaires et masculinistes n'impliquent pas toujours des actions militaires ou une violence d'État directe ; les politiques relatives aux soins de santé et au commerce les soutiennent également, souvent de manière plus opaque.
D'un point de vue plus général, il s'agit d'un moment particulier pour les principales critiques de la masculinité normative. Pourtant, il existe également un danger dans les commentaires populaires autour de concepts tels que la "masculinité toxique", en partie alimentés par les manifestations récentes du mouvement #MeToo et d'autres efforts de justice sociale d'inspiration féministe autour du genre et de la sexualité. Ces concepts risquent d'aplanir le caractère contextuel et multiples des phénomènes genrés25. Ainsi, les analyses universitaires des réponses au COVID-19 devraient examiner de manière productive comment un ensemble de concepts genrés autour de la santé, de la force et de la nation sont construits et contestés dans des contextes nationaux particuliers ainsi qu'à des niveaux régionaux et mondiaux. Cet article a identifié deux points d'entrée clés : le sexisme des connaissances scientifiques et les élans du nationalisme masculiniste. Il souligne le besoin permanent d'un cadre interdisciplinaire et global pour considérer les dimensions genrées complexes du COVID-19 et leurs ramifications culturelles, économiques et politiques.
Publication originale (12/2020) :
Feminist Studies
// Note de Cabrioles : du fait de nos (très) faibles moyens nous n’avons pas encore eu le temps de traduire et traiter l’appareil de notes. Nous l’avons donc reproduit tel quel, en anglais, pour information. //
Valerio Capraro and Hélène Barcelo, “The Effect of Messaging and Gender on Intentions to Wear a Face Covering to Slow Down covId-19 Transmission,” PsyArXiv Preprints, May 11, 2020, https://doi.org/10.31234/osf.io/tg7vz; Monica Hesse, “Making Men Feel Manly in Masks Is, Unfortunately, a Public-Health Challenge of Our Time,” Washington Post, June 27, 2020.
See Amanda Taub, “Why Are Women-Led Nations Doing Better with Covid-19?” New York Times, May 15, 2020.
See Nicholas Kristof, “What the Pandemic Reveals about the Male Ego,” New York Times, June 13, 2020. For per capita rates, see Hannah Ritchie Esteban Ortiz-Ospina, Diana Beltekian, Edouard Mathieu, Joe Hasell, Bobbie Macdonald, Charlie Giattino, Max Roser, Breck Yunits, Ernst van Woerden, Daniel Gavrilov, Matthieu Bergel, Shahid Ahmad, and Jason Crawford, “Coronavirus Pandemic (covId-19) Statistics and Research,” Our World in Data, University of Oxford, https://ourworldindata.org/coronavirus (accessed November 3, 2020).
For example, see Judith Kegan Gardiner, ed., Masculinity Studies and Femi nist Theory: New Directions (New York: Columbia University Press, 2002). It is also worth noting here that the specific characteristics of hegemonic masculinity are just as contingently defined as marginalized forms of masculinity and that valorized and stigmatized masculinities are co-constructed in particular contexts. R. W. Connell originated and developed the term “hegemonic masculinity” in Gender and Power: Society, the Person, and Sexual Politics (Sydney: Allen and Unwin, 1987) and Masculinities (Berkeley: University of California Press, 1995). See also Michael Kimmel, Manhood in America: A Cultural History, 4th ed. (New York: Oxford University Press, 2017, 4th ed.); and Mrinalini Sinha, Colonial Masculinity: The “Manly Englishman” and the “Effeminate Bengali” in the Late Nineteenth Century (Manchester, UK: Manchester University Press, 1995). Furthermore, behavioral characteristics associated with normative masculinity are not necessarily instantiated by cis male-bodied individuals, as discussed in work on female masculinity and trans masculinities. For example, see Jack Halberstam, Female Masculinity (Durham, NC: Duke University Press, 1998); and Salvador Vidal-Ortiz, “Queering Sexuality and Doing Gender: Transgender Men’s Identification with Gender and Sexuality,” Gendered Sexualities 6 (2002): 181–233.
See Catherine Waldby, “Body Wars, Body Victories: Aids and Homosexuality in Immunological Discourse,” Science as Culture 5, no. 2 (1995): 181–98.
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See Katherine Adam and Charles Derber, New Feminized Majority: How Democrats Can Change America with Women’s Values (New York: Routledge 2008), 5–6; Jonas Anshelm and Martin Hultman, “A Green Fatwā ? Climate Change as a Threat to the Masculinity of Industrial Modernity,” Norma: International Journal for Masculinity Studies 9, no. 2 (2014): 92.
For example, Kimberley Tolley discusses how the proportion of girls versus boys studying science in school and college in nineteenth-century America fluctuated, including periods when the proportion of girls outnumbered boys; see The Science Education of American Girls: A Historical Perspective (New York: Routledge, 2002). David Alan Grier examines the employment of many women as “human computers” doing manual scientific calculations in the United States in the first half of the twentieth century; see When Computers Were Human (Princeton, NJ: Princeton University Press, 2005).
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Sandra Harding’s earlier work, such as The Science Question in Feminism (Ithaca, NY: Cornell University Press, 1986) and Whose Science? Whose Knowledge? Thinking from Women’s Lives (Ithaca, NY: Cornell University Press, 1991) has been followed by the emergence of feminist science studies as a field. For example, see Maralee Mayberry, Banu Subramaniam, and Lisa Weasel, eds., Feminist Science Studies: A New Generation (New York: Routledge, 2001). Other scholars have developed new feminist materialist approaches that further challenge traditional scientific theory and method; for example, see Stacy Alaimo and Susan Hekman, eds., Material Feminisms (Bloomington: Indiana University Press, 2008); and Karen Barad, Meeting the Universe Halfway: Quantum Physics and the Entanglement of Matter and Meaning (Durham, NC: Duke University Press, 2007).
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In April 2020, Bolsonaro fired Dr. Luiz Henrique Mandetta, the health minister who began overseeing Brazil’s early efforts to address covId-19. Man detta’s replacement, Dr. Nelson Teich, resigned less than a month later. Trump has at various times expressed disapproval of or questioned the credibility of Dr. Anthony Fauci, director of the National Institute of Allergy and Infectious Diseases and the most prominent medical member of the administration’s Coronavirus Task Force. Trump also threatened to fire Dr. Nancy Messonnier, director of the Centers for Disease Control and Prevention’s National Center for Immunization and Respiratory Diseases, and demoted Dr. Richard Bright, who had been part of the White House covId-19 task force, for criticizing his promotion of chloroquine and hydroxychloroquine as treatments. See Michael Conway, “Trump’s Disinfectants for Coronavirus Remarks Show the Danger in His Disdain for Experts,” nbc News, April 30, 2020, https://www.nbcnews.com/think/opinion/trump-s-disinfectants-coronavirus-remarks-show-danger-his-disdain-experts-ncna1192301; and Maggie Haberman, “Trump Aides Undercut Fauci as He Speaks Up on Virus Concerns,” New York Times, July 12, 2020, https://www.nytimes.com/2020/07/12/us/politics/fauci-trump-coronavirus.html.
For example, see Stephan Lewandowsky, Klaus Oberauer, and Gilles E. Gignac, “Nasa Faked the Moon Landing—Therefore, (Climate) Science Is a Hoax: An Anatomy of the Motivated Rejection of Science,” Psychological Science 24, no. 5 (2013): 629.
See Dietram A. Scheufele and Nicole M. Krause, “Science Audiences, Misinformation, and Fake News,” Proceedings of the National Academy of Sciences 116, no. 16 (2019): 7662–69.
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For example, see Sikata Banerjee, Muscular Nationalism: Gender, Violence, and Empire in India and Ireland, 1914–2004 (New York: New York University Press, 2012), 2; Khalid, Gender, Orientalism, and the “War on Terror,” 10; Joane Nagel, “Masculinity and Nationalism: Gender and Sexuality in the Making of Nations,” Ethnic and Racial Studies 21, no. 2 (1998): 247–48; and Jasbir K. Puar, “Abu Ghraib: Arguing against Exceptionalism,” Feminist Studies 30, no. 2 (2004): 522–34.
“Coronavirus: US ‘Wants 3M to End Mask Exports to Canada and Latin America,’” BBC News, April 3, 2020, https://www.bbc.com/news/world-us-canada-52161032; “Prioritization and Allocation of Certain Scarce or Threatened Health and Medical Resources for Domestic Use,” Federal Emergency Man-agement Agency, April 10, 2020, https://www.federalregister.gov/documents/2020/04/10/2020-07659/prioritization-and-allocation-of-certain-scarce-or-threatened-health-and-medical-resources-for.
“Coronavirus: US Buys Nearly All of Gilead’s Covid-19 Drug Remdesivir,” bbc News, July 1, 2020, https://www.bbc.com/news/world-us-canada-53254487.
For example, see “Why Vaccine Nationalism Could Prolong the covid-19 Pandemic,” CBC News, October 7, 2020, https://www.cbc.ca/news/health/covid19-vaccine-nationalism-1.5752898.
Liz Cheney (@Liz_ Cheney), “Dick Cheney says Wear A MaSk. #realmenwearmasks,” Twitter, June 26, 2020, https://twitter.com/Liz_Cheney/status/1276591702321647616.
Matthew Choi, “Trump, in Full Reversal, Urges Americans to Wear Masks,” Politico, July 14, 2020, https://www.politico.com/news/2020/07/14/trump-urges-americans-to-wear-masks-361836.
See the November 2019 issue of Interactions: Studies in Communication & Culture 10, no. 3, for #MeToo movements globally. For a critique about the limits of how #MeToo has addressed structural inequalities besides gender, particularly related to race, see Ashwini Tambe, “Reckoning with the Silences of #MeToo,” Feminist Studies 44, no. 1 (2018), 199–200.