Les enfants racisé·es souffrent de manière disproportionnée de la pandémie | Edwin Rios
L’étude montre que les enfants noir·es et latinos étaient non seulement plus susceptibles de contracter le COVID, mais aussi plus susceptibles d'être hospitalisé·es pour cette maladie. Même si les enfants meurent rarement du COVID, les enfants noir·es étaient à elleux seul·es environ 2,7 fois plus susceptibles de mourir du COVID que les enfants blanc·hes. Qui plus est, les enfants noir·es et latinos représentent ensemble plus de 70 % de celleux qui contractent le PIMS, une maladie inflammatoire rare associée au COVID qui a touché un peu plus de 5 000 enfants dans tout le pays.
Edwin Rios a été journaliste à Mother Jones et est aujourd'hui journaliste senior au Guardian US.
· Cet article fait partie de notre dossier Enfants du 21 novembre 2022 ·
Alors que les enfants de tout le pays s’habituent au rythme des vagues épidémiques et des fermetures d'écoles pendant la deuxième année scolaire pandémique, un nombre stupéfiant d'enfants doivent le faire sans leurs parents ou leurs tuteur·ices (caregivers). Selon une étude publiée vendredi dans la revue universitaire Pediatrics, plus de 140 000 enfants ont perdu des tuteur·ices ou des parents à cause du COVID-19 entre avril 2020 et juin 2021. L'épidémiologiste du CDC Susan Hillis, une des principales auteur·ices de l'étude, a déclaré à NPR que ce nombre est aujourd'hui passé à environ 175 000.
Ce qui rend la situation encore plus déchirante, c'est la manière inégale dont les enfants noir·es, latinos et indigènes ont été touché·es par cette maladie. Les chercheur·euses de l'étude Pediatrics ont constaté que les enfants amérindien·nes et autochtones d'Alaska étaient 4,5 fois plus susceptibles de perdre un parent ou un tuteur·ice à cause du COVID que les enfants blanc·hes. Les enfants noirs étaient presque deux fois et demie plus menacé·es, tandis que les enfants hispaniques étaient deux fois plus menacé·es. "La mortalité associée au COVID-19 chez les parents et les tuteur·ice·ices était la plus élevée dans les États frontaliers du Sud pour les enfants hispaniques, dans les États du Sud-Est pour les enfants noir·es et dans les États avec des zones tribales pour les populations amérindiennes", ont écrit les auteur·ices.
Cela reflète la cruelle réalité nationale, à savoir que la pandémie est discriminatoire quant aux personnes qu'elle touche, entraînant des pertes d'emploi, des taux d'infection et même des décès disproportionnés pour les personnes racisées. Cette réalité raciste n'est pas limitée aux adultes. Au contraire, elle est étroitement liée à la façon dont les enfants souffrent. Parmi les 4,9 millions d'enfants de moins de 19 ans qui ont contracté le COVID au cours des 18 derniers mois, les enfants racisé·es ont été les plus touché·es. À la mi-septembre, une analyse de la Kaiser Family Foundation a révélé que les enfants noir·es et latinos étaient non seulement plus susceptibles de contracter le COVID, mais aussi plus susceptibles d'être hospitalisé·es pour cette maladie. Même si les enfants meurent rarement du COVID, les enfants noir·es étaient à elleux seul·es environ 2,7 fois plus susceptibles de mourir du COVID que les enfants blanc·hes. Qui plus est, les enfants noir·es et latinos représentent ensemble plus de 70 % de celleux qui contractent le PIMS, une maladie inflammatoire rare associée au COVID qui a touché un peu plus de 5 000 enfants dans tout le pays. Outre le fait qu'ils sont plus malades, des études menées par McKinsey & Company et le NWEA, un organisme à but non lucratif qui effectue des évaluations scolaires, ont révélé des retards d'apprentissage importants chez les enfants racisé·es pendant la pandémie.
Mais pourquoi existe-t-il des disparités entre les enfants ? Les obstacles sociaux et économiques auxquels leurs parents sont confrontés, les enfants y sont également confrontés. Et ces obstacles peuvent non seulement déterminer si les enfants sont infecté·es et hospitalisé·es à cause du virus, mais aussi s'ils ont un accès adéquat aux vaccins qui contribueraient à les protéger de futures souffrances. Les enfants de racisé·es sont également touché·es de manière disproportionnée par des problèmes de santé sous-jacents qui les exposent à un risque accru d'hospitalisation lorsqu'ils contractent le COVID. Par ailleurs, les chercheur·euses du CDC ont noté que les adultes noir·es et latinos sont "représenté·es de manière disproportionnée parmi les travailleur·euses essentiel·les qui ne peuvent pas travailler depuis leur domicile", ce qui augmente le risque d'exposition des enfants et des autres membres de la famille au virus. "En outre, les disparités dans les déterminants sociaux de la santé, tels que les conditions de vie surpeuplées, l'insécurité alimentaire et du logement, les écarts de richesse et d'éducation, et la discrimination raciale, contribuent aux disparités raciales et ethniques dans l'incidence et les résultats du COVID-19 et du PIMS", ont écrit des chercheur·euses du CDC dans une étude en septembre dernier.
Tout cela témoigne du racisme systémique aux fondements de la société américaine. En réfléchissant à cette nouvelle étude, je me souviens de ce que l'épidémiologiste du Michigan Debra Furr-Holden m'a dit lorsque j'ai enquêté sur la façon dont sa ville natale de Flint a réussi à réduire les disparités pendant la pandémie :
Se placer "en amont" de la maladie elle-même, au niveau des facteurs politico-économiques qui permettent sa propagation et amplifient ses effets, n'est pas chose aisée. Mme Furr-Holden ne se fait pas d'illusions sur les raisons de cette difficulté. "Nous n'avons jamais été honnêtes, en tant que nation, sur le caractère réellement injuste de notre société, sur la manière dont les systèmes et les structures sont conçus pour que certaines personnes prospèrent, aient un meilleur accès et plus de possibilités que d'autres. Et il y a un coût à cela", m'a dit Furr-Holden. "Le fait que tant de Noirs et de Bruns, tant de communautés rurales, aient été durement touchés par cette pandémie a coûté à notre pays des millions, voire des milliards de dollars. Les injustices nous ont coûté très cher. Toutes ces personnes noires et brunes qui se sont battues pour obtenir des lits, des respirateurs et des hôpitaux sont la raison pour laquelle certains de ces gentils Blancs de la classe moyenne et de la classe aisée n'ont pas pu avoir accès à ces respirateurs. Littéralement, l'injustice nous coûte à tous."
Et nous ne le répéterons jamais assez : cela coûte, surtout, aux enfants racisé·es, et à leur avenir.
Publication originale (10/10/2021) :
Mother Jones
· Cet article fait partie de notre dossier Enfants du 21 novembre 2022 ·