L’affirmation par l’OMS que le COVID n'était pas aéroporté a coûté des millions de vies. Maintenant, l'OMS veut changer la définition d'"aéroporté" | Julia Doubleday
Les dégâts causés par les déclarations fausses de l'OMS continuent de se faire sentir aujourd'hui. Les médecins et les hôpitaux continuent d'infecter leurs patient·es avec la grippe, le VRS, le streptocoque et désormais le COVID. Les hôpitaux continuent de placer des patient·es hautement infectieux·ses à proximité de patient·es COVID-négatif·ves, croyant à tort que des rideaux et une distance de quelques mètres protégeront les malades vulnérables. Les médecins et les infirmières continuent à ne pas porter d'EPI adéquats, alors qu'iels développent des COVID longs à des taux élevés et qu'iels doivent faire face à une surpopulation hospitalière ingérable dans le monde entier.
Julia Doubelday est co-animatrice de l’émission The Committee Program! Chronique de l'agence de communication politique la plus mystérieuse du monde, et rédactrice de The Gauntlet, une newsletter sur les informations et analyses à propos du COVID.
L'OMS se congratule elle-même cette semaine.
Après deux ans de débats et de discussions, elle a officiellement rebaptisé la transmission virale aéroportée transmission « par voie aérienne ». Les particules en suspension dans l'air ne sont plus des aérosols, mais des « particules respiratoires infectieuses » (PRI). Au-delà du jargon, les principales implications pratiques de ce document sont que, contrairement aux orientations précédentes en matière de lutte contre les infections aéroportées, les nouvelles orientations ne permettront pas, en fait, de lutter contre les infections aéroportées.
Revenons en arrière. Pour comprendre où nous en sommes, nous devons comprendre comment nous en sommes arrivé·es là.
Au début de l'année 2020, l'OMS avait déjà décidé que le COVID n'était pas aéroporté. Le 28 mars 2020, elle a publié un célèbre tweet de fact check, notoirement toujours non supprimé à ce jour, qui le proclame haut et fort. « FAIT : LE #COVID19 n'est PAS aéroporté. Le #coronavirus se transmet principalement par les gouttelettes générées lorsqu'une personne infectée tousse, éternue ou parle », peut-on lire dans le tweet, qui recommande ensuite de désinfecter les surfaces, de rester à une distance d'un mètre des autres, de se laver les mains et de ne pas se toucher le visage. Il est accompagné d'un graphique qui semble avoir été réalisé en 20 minutes par un stagiaire non rémunéré, qui affirme à nouveau que LE COVID N'EST PAS AEROPORTÉ. Toutes les informations contenues dans ce court tweet sont incorrectes.
Cela a également orienté de A à Z la réponse mondiale au COVID, rendant l'élimination du virus impossible car les gouvernements ont mis en œuvre un protocole inadéquat pour enrayer la propagation.
Dès le départ, l'OMS a promu un modèle de lutte contre les maladies infectieuses aujourd'hui réfuté, centré sur une distinction artificielle entre des maladies transmises par des « gouttelettes », c'est-à-dire de grosses particules émises lors de la toux et des éternuements et qui tombent rapidement au sol, et des « aérosols », c'est-à-dire des particules plus petites émises simplement par la respiration et qui peuvent rester en suspension dans l'air comme de la fumée. Le meilleur résumé de l'opposition entre gouttelettes et aérosols peut être lu ici, dans l'article détaillé de Megan Molteni intitulé « The 60-Year-Old Scientific Screwup That Helped Covid Kill », publié sur Wired en mai 2021.
L'article de Molteni suit un petit groupe de scientifiques intrépides - Linsey Marr, spécialiste des aérosols, Lidia Morawska, physicienne de l'atmosphère, Yuguo Li, chercheur sur l'air intérieur à l'université de Hong Kong, et Katie Randall, historienne des maladies infectieuses – qui tentent de convaincre l'OMS et d'autres institutions de santé de prendre au sérieux la propagation aéroportée du COVID. Ce faisant, iels s'attaquent aux racines profondes de la désinformation scientifique qui a conduit à la création de la dichotomie entre gouttelettes et aérosols. Aussi incroyable que cela puisse paraître, il n'y a jamais eu de preuves solides indiquant que la plupart des virus se propageaient par le biais de « gouttelettes » lourdes qui tombent sur le sol. Il s'agit tout simplement d'une création de commodité fondée sur de mauvaises hypothèses, des interprétations erronées et des amalgames. Je recommande la lecture de l'ensemble de l'article, mais en substance, les institutions ont longtemps cru ce qu'elles voulaient croire au sujet de la transmission aéroportée.
Il convient également de noter que les motivations institutionnelles et financières pour ne pas reconnaître la transmission aéroportée du COVID et d'autres virus sont assez simples ; il est, tout simplement, beaucoup plus coûteux de mettre en œuvre un protocole de contrôle des infections approprié pour un virus qui se propage par l'air parce qu’un être humain respire que de mettre en œuvre un protocole de contrôle des infections pour un virus qui se propage lorsque quelqu'un·e éternue sur vous.
Ce document, intitulé « Coronavirus Disease 2019 and Airborne Transmission : Science Rejected, Lives Lost » (Maladie à coronavirus 2019 et transmission aéroportée : science rejetée, vies perdues), coécrit par Morawska, décrit de l'intérieur le refus de l'OMS de composer avec les preuves scientifiques, son allergie à toute discussion sur la transmission aéroportée et son comportement dédaigneux, arrogant et obstiné lorsque des spécialistes des aérosols se sont réuni·es pour tenter de corriger leurs directives erronées à mesure que le COVID gagnait du terrain. « Nous avons alerté l'Organisation mondiale de la santé sur l'importance potentielle de la transmission aéroportée du SRAS-CoV-2 et sur la nécessité urgente de la contrôler, mais nos préoccupations ont été rejetées », affirment les auteur·ices, qui poursuivent en parlant de leur formation du Groupe 36 :
Le 29 mars [2020], Morawska a rédigé un message sous forme de pétition à l'intention du directeur général de l'OMS et a dressé une liste de spécialistes, des collègues de haut niveau international du monde entier, qu' elle savait travailler depuis de nombreuses années sur la transmission aéroportée sous différents angles, notamment la physique des aérosols, la virologie, la santé publique, la médecine clinique, la prévention et le contrôle des infections, l'ingénierie du bâtiment et la gestion des installations. Elle avait travaillé sur ce vaste sujet au fil des ans avec plusieurs de ces personnes. Le lendemain, elle a contacté tous les spécialistes identifié·es, leur expliquant le problème, leur présentant le projet et leur demandant s'ils souhaitaient soutenir la pétition. Chacun-e d'entre elleux l'a fait, et certain-es ont suggéré des noms de spécialistes supplémentaires à inclure dans la pétition. La liste s'est allongée à 36 noms, un groupe assez important ; même si nous savions que beaucoup plus de spécialistes auraient pu être recruté·es si nous avions eu plus de temps, il s'agissait d'un groupe facile à gérer qui représentait un large éventail d'expertise à travers le monde. C'est ainsi qu'est né le « Groupe 36 ».
L'OMS n'a pas bien réagi à cette pétition qui, encore une fois, était signée par les plus grands spécialistes de la transmission aéroportée. De nombreuses réunions n'ont donné lieu qu'à un rejet irrité de la part de l'OMS, comme l'ont rappelé les participant·es :
Nous avons été acculés à une position défensive pendant la réunion téléphonique, alors que nous essayions de faire valoir nos points de vue. À la fin de l'appel, déçu·es et frustré·es, nous nous sommes demandé·es : Pourquoi agissent-iels ainsi ? Pourquoi rejettent-iels si brutalement nos arguments ?
La correspondance électronique entre les deux groupes (l'OMS et les spécialistes des aérosols signataires de la pétition) est jointe à l'article. Cette correspondance montre que l'OMS n'a pas compris ou se présente comme n'ayant pas compris les points soulevés par les spécialistes des aérosols. À plusieurs reprises, l'OMS répètent des affirmations fausses à propos de sa certitude que le COVID se transmet par les « gouttelettes », que les masques de type respiratoire ne doivent être portés que pendant les procédures génératrices d'aérosols (une affirmation erronée qui est encore répétée par des praticien·nes médicaux aujourd'hui) et que les fomites sont une source importante de transmission du COVID (ce qui n'est pas le cas). Elle avance également à plusieurs reprises des arguments d'autorité, en désignant des personnes qui sont d'accord avec elle, tout en refusant de se pencher sur les données scientifiques elles-mêmes. Dans un courriel daté du 11 avril 2020, l'OMS fait preuve d'une logique circulaire impressionnante :
À notre connaissance et après un examen approfondi, les données disponibles sur le SARS-CoV-2 confirment que la principale voie de transmission interhumaine de ce virus est celle des gouttelettes respiratoires et/ou du contact. Nous notons que les directives du CDC, de l'ECDC et de nombreuses autres organisations indiquent toutes que le mode de transmission du COVID-19 est principalement constitué de gouttelettes respiratoires et de contacts.
Dans cet extrait, l'OMS cite les directives d'autres organisations qui suivent elles-mêmes les directives de l'OMS. Elle ne cite aucune étude pour étayer ses affirmations selon lesquelles le COVID serait transmis par les gouttelettes, mais souligne ironiquement que les scientifiques spécialistes des aérosols n'ont pas produit d'études « examinées par des pairs » démontrant la propagation aéroportée. En avril 2020, il était bien sûr impossible qu'un examen par les pairs ait été réalisé pour un virus qui n'avait alors que quelques mois d'existence.
Tout au long du débat entre les puissants acteurs de l'OMS et les spécialistes des aérosols, le seuil de « preuve » de la propagation aéroportée a été incroyablement élevé, alors que le seuil de « preuve » de la propagation par gouttelettes était très bas. L'OMS ne cesse d'affirmer qu'elle sait que le COVID se propage par le biais des gouttelettes, tout en omettant d'aborder le contenu scientifique réel de la pétition du Groupe 36.
Les travaux de ces scientifiques, ainsi que de dizaines d'autres, ont permis de réaliser que tous les virus respiratoires courants - rhumes, grippes, VRS, etc. - se propagent d'une manière qui aurait auparavant été classée du côté « aéroporté » de la fausse dichotomie gouttelettes/aéroporté . D'où la nécessité de revoir entièrement la terminologie et les pratiques courantes de lutte contre les infections.
Une fois cela établi, nous nous trouvions au seuil d'une nouvelle ère de lutte contre les maladies ; imaginez une révolution de l'air propre dans les crèches, réduisant de manière drastique le taux de maladies infantiles, aujourd'hui en forte hausse. Mais trois ans après la publication du rapport de Molteni, la plupart des institutions médicales et des organismes gouvernementaux continuent de pratiquer et de recommander des mesures de contrôle de l'infection par les gouttelettes pour le COVID. Que s'est-il passé ?
D'abord, il y a eu un manque de communication publique cohérente. Aujourd'hui, la plupart des gens comprennent encore la transmission du COVID à partir du modèle de propagation par « gouttelettes », y compris les médecins et les responsables d'établissements médicaux. Des mesures comme la distanciation sociale, le lavage des mains, le nettoyage des surfaces et le port de masques chirurgicaux (et non de masques respiratoires ajustés) sont insuffisantes pour contrôler la propagation du COVID-19 ; certaines d'entre elles sont même totalement inutiles. Si les masques chirurgicaux et la distanciation réduisent légèrement le risque de transmission, la transmission par fomite du COVID n'a jamais été documentée et la désinfection des surfaces n'a aucune incidence sur la propagation.
Il n'est peut-être pas surprenant que nos organisations internationales de santé n'aient pas fait savoir haut et fort qu'elles s'étaient lourdement trompées sur un point qu'elles avaient affirmé avec un degré élevé de confiance. Cela l'est d'autant moins que leurs affirmations ont entraîné la mort de 20 à 30 millions de personnes, et ce n'est pas fini. Pour corriger toutes les fausses informations que le public, les médecins, les administrateur-ices d'hôpitaux, les organismes de santé et les fonctionnaires ont absorbées au cours de la campagne visant à endiguer le COVID par des mesures insuffisantes basées sur les gouttelettes, l'OMS devrait répéter haut et fort que toutes ses directives antérieures étaient erronées. Pour corriger toutes les informations erronées que le public, les médecins, les administrateurs d'hôpitaux, les organismes de santé et les fonctionnaires ont absorbées au cours de la campagne visant à atténuer le COVID par des mesures insuffisantes contre les gouttelettes, l'OMS devrait répéter haut et fort que toutes ses directives antérieures étaient erronées. Et pas seulement cela, mais aussi que c'était faux parce qu'ils ont menti ; il est vrai qu'ils semblent avoir vraiment cru à leur propre désinformation, et en ce sens, ils ont abordé la conversation avec honnêteté. Mais c'était un mensonge de dire qu'ils avaient la preuve, qu'ils savaient sans l'ombre d'un doute, que le COVID n'était pas aéroporté.
Prenons par exemple les commentaires du nouveau scientifique en chef de l'OMS, Jeremy Farrar, cette semaine. Il déclare :
En janvier, en février, en mars, en avril 2020, la certitude des preuves scientifiques est complètement différente de celle que l'on a six mois plus tard, un an plus tard, aujourd'hui, quatre ans plus tard, en avril 2024.
Dans sa défense de la déclaration de l'OMS qui affirmait que le COVID n'était pas aéroporté, il souligne ici que les preuves scientifiques étaient incertaines. C'est vrai ; c'est aussi la raison pour laquelle il était si irresponsable de présenter l'affirmation « le COVID n'est pas aéroporté » avec un haut degré de certitude. Un organisme responsable aurait dit « nous débattons de cette question, nous ne savons pas, et le principe de précaution nous dicte de mettre en œuvre un contrôle des infections aéroportées jusqu'à ce que nous le sachions ». Au lieu de cela, l'organisation a tweeté un graphique avec un gros tampon INCORRECT au-dessus de l'affirmation pourtant exacte « Le COVID est aéroporté ». Ce n'est pas le discours d'une organisation incertaine qui communique une science incertaine.
L'OMS, au lieu de faire preuve d'humilité et d'exprimer ses regrets face à un échec qui a frappé le monde entier et qui nous a entraîné·es dans une impasse en matière de lutte contre les infections, continue à se chercher des excuses. Cela nous amène à sa dernière tentative pour se disculper et donner aux gouvernements et aux praticien·nes médicaux du monde entier l'autorisation de continuer à refuser de mettre en œuvre des mesures de contrôle des infections aéroportées, mettant ainsi en danger les patient·es et les citoyen·nes : ce document à la sonorité sèche, intitulé « Global technical consultation report on proposed terminology for pathogens that transmit through the air » (Rapport de consultation technique mondiale sur la terminologie proposée pour les agents pathogènes qui se transmettent par voie aérienne).
Tout n'est pas catastrophique dans ce document. Côté positif, l'OMS a enfin invité à la table des négociations des spécialistes du sujet comme Linsey Marr. L'OMS a également eu la sagesse d'éliminer la fausse dichotomie entre propagation aéroportée et propagation par gouttelettes ; il s'avère que les virus qui se propagent par les particules respiratoires sont contenus à la fois dans de grosses gouttelettes et dans de plus petites particules aérosolisées qui peuvent voyager bien au-delà de la distance arbitraire de deux mètres utilisée à l'époque de la distanciation sociale. Mais c'est là que s'arrêtent les aspects positifs.
Au lieu de reconnaître enfin que, puisque tous ces virus aérosolisés peuvent se propager d'une manière compatible avec ce que l'on appelait autrefois la transmission « aéroportée », des mesures de contrôle des infections « aéroportées » sont nécessaires pour les contrôler, l'OMS tente d'obtenir le beurre et l'argent du beurre en réimaginant tout simplement ce que la lutte contre les infections est censée accomplir. Au lieu de veiller à ce que les patient·es ne soient pas exposé·es aux virus dans les établissements médicaux, l'OMS encourage désormais les praticiens à suivre leur cœur lorsqu'il s'agit de la propagation du COVID et d'autres virus. Ce virus a-t-il une vibe « aéroportée » ? ou plutôt une vibe « gouttelettes » ? Faites vos jeux !
Extrait de leur document :
Ce processus consultatif ne permet PAS de conclure que, pour atténuer les risques de transmission aéroportée à courte distance, les « précautions aéroportées » (telles qu'elles sont actuellement connues) doivent être utilisées dans tous les contextes, pour tous les agents pathogènes et par tous les individus, quels que soient leurs niveaux de risque d'infection et de maladie, lorsque ce mode de transmission est connu ou suspecté. À l'inverse, certaines situations nécessiteront des « précautions contre la transmission aéroportée ». Cela serait clairement inapproprié dans le cadre d'une approche de prévention des infections fondée sur le risque, où l'équilibre des risques, y compris l'incidence de la maladie, la gravité, l'immunité individuelle et collective et de nombreux autres facteurs, doivent être pris en considération, y compris les conséquences juridiques, logistiques, opérationnelles et financières qui ont des implications mondiales en matière d'accès et d'équité.
Ce gloubi-boulga peut ce traduire ainsi « oui, tous ces virus peuvent se propager de manière aéroportée, mais comme les précautions contre la transmission aéroportée sont pénibles et coûteuses, il n'est pas vraiment nécessaire de les prendre ». Cela fournit une couverture juridique et institutionnelle aux organismes médicaux qui refusent toujours de reconnaître la propagation aéroportée du COVID-19 et de mettre en œuvre un contrôle adéquat de l'infection. Des termes vagues tels que « équilibre des risques », « gravité », « immunité individuelle et collective » ouvrent une fenêtre très dangereuse vers la poursuite de la propagation du COVID en milieu médical, d'autant plus que ce qui est « bénin » pour l'un·e est littéralement « grave » pour l'autre.
Les termes « gravité » et « immunité collective » servent de dog whistle pour faire savoir aux organismes gouvernementaux et aux institutions médicales que, oui, nous avons finalement dû reconnaître que le COVID est aéroporté. Mais relaxe, cela ne signifie pas que nous allons vous obliger à contrôler les infections aéroportées. Si vous pensez que vos patient·es peuvent se permettre de contracter le COVID, nous n'y voyons pas d'inconvénient ! L'« immunité » en particulier est un terme très galvaudé dans le contexte du COVID ; la plupart des gens acquièrent une immunité temporaire à la suite d'une vaccination et/ou d'une infection, qui s'estompe rapidement. Dans un effort pour normaliser la réinfection continue, nos gouvernements ont commencé à confondre cette protection à court terme, qui s'estompe rapidement et varie d'une personne à l'autre, avec la protection à vie anciennement connue sous le nom d'« immunité », un terme qui s'applique mieux à des maladies comme la rougeole ou la varicelle. Dans le contexte de la rougeole, l'immunité de groupe ou de population implique que les personnes vulnérables ne sont jamais exposées à la rougeole. L'immunité de groupe dans le contexte du COVID implique que les personnes vulnérables sont constamment exposées au COVID. Cela sonne un peu comme « la guerre, c'est la paix ».
Une remarque sur la mise en avant de « l'équité » et « l'accès » comme véritables motivations qui sous-tendent les recommandations médiocres de l'OMS. Ici, l'organisation tente de faire valoir que, parce que les pays pauvres ne peuvent pas se permettre un contrôle adéquat des infections aéroportées, personne ne devrait avoir accès à un contrôle adéquat des infections aéroportées ; hourra, c'est ça l'équité ! Outre le ridicule évident de cet argument, comparons-le aux déclarations faites par l'OMS il y a quatre ans sur le même sujet, alors qu'elle affirmait encore que la propagation aéroportée n'existait pas.
Courriel de l'équipe technique de prévention et de lutte contre les infections des opérations sanitaires de l'OMS au Groupe 36, 11 avril 2020 :
Le contenu des directives de l'OMS se fonde sur les éléments suivants :
1) les données actuelles sur les modes de transmission prédominants du SARS-CoV-2 et les enseignements tirés des données sur le SARS, le MERS et d'autres infections virales respiratoires ;
2) l'expérience directe des patient·es atteint·es de COVID-19 par les travailleur·euses de première ligne, les épidémiologistes, les virologistes et d'autres scientifiques ;
3) l'apport, les discussions et le consensus d'un large groupe d'expert·es internationaux indépendant·es dans les domaines des maladies infectieuses, de l'épidémiologie, de la santé publique et de la prévention et du contrôle des infections, avec un accent particulier sur les infections respiratoires virales (par le biais de nos téléconférences du réseau mondial d'expert·es COVID-19) ;
4) une perspective mondiale, qui inclus l'équité, l'éthique et les considérations relatives à la mise en œuvre des lignes directrices de l'OMS.
Ce dernier point est important pour une organisation mondiale qui doit prendre en considération les capacités des systèmes de santé des différents pays ; toutefois, cet aspect ne doit en aucun cas l'emporter sur les preuves disponibles. L'OMS examine en permanence les données disponibles et adaptera les directives en fonction de ces données, comme elle l'a toujours fait pour tous les risques infectieux. Il en va de même pour le COVID-19. S'il existait des preuves d'une propagation significative du SARS-CoV-2 en tant qu'agent pathogène aéroporté en dehors du contexte des AGPs [aerosol-generating procedure], l'OMS réviserait immédiatement ses directives et étendrait les recommandations en terme de précautions aéroportées en conséquence, malgré la capacité limitée connue de les appliquer dans tous les pays, en particulier dans les pays à revenu faible et intermédiaire.
C'est moi qui souligne. C'est là, noir sur blanc, que l'OMS contredit ses nouvelles directives, en déclarant sans ambiguïté que si le COVID était aéroporté (c'est le cas), des mesures de lutte contre les infections aéroportées devraient être et seraient recommandées, même en tenant compte des difficultés et des coûts liés à la mise en place de tels protocoles.
Des directives appropriées en matière de contrôle des infections devraient avoir une fonction essentielle : garantir que les infections soient contrôlées. Veiller à ce que les patient·es ne soient pas inutilement exposé·es à des virus, de quelque nature qu'ils soient, lorsqu'iels sont en quête de soins médicaux. Les progrès révolutionnaires que nous avons accomplis ces dernières années dans la compréhension du comportement des virus, associés à la technologie fantastique qui existe déjà pour purifier l'air, permettraient à la société d'être en bien meilleure santé si ces progrès étaient appliqués concrètement. Au lieu de cela, nous devenons une société toujours plus malade à mesure que l'OMS s'enfonce dans le déni.
Ce document existe pour couvrir un petit groupe de de l’élite scientifique qui se sont incroyablement, indéniablement et dangereusement trompés, et pour leur permettre de continuer à promouvoir leur modèle erroné de « contrôle des infections » qui, en fait, ne contrôle pas les infections. Il existe pour soulager leur ego blessé et meurtri tout en leur assurant qu'iels n'avaient pas tort de dire aux gens de se tenir à deux mètres les un·es des autres, d'essuyer les surfaces et de couvrir leurs éternuements ; c'est, après tout, la forme la plus pratique et la plus simple de contrôle des infections à mettre en œuvre même s'il s'avère que le virus lui-même se propage peut-être, en quelque sorte, d'une manière complètement différente.
Les dégâts causés par les déclarations fausses de l'OMS continuent de se faire sentir aujourd'hui. Les médecins et les hôpitaux continuent d'infecter leurs patient·es avec la grippe, le VRS, le streptocoque et désormais le COVID alors que les mesures de contrôle des infections telles que la filtration HEPA ne sont absolument pas mentionnées dans le nouveau document d'orientation. Les hôpitaux continuent de placer des patient·es hautement infectieux·ses à proximité de patient·es COVID-négatif·ves, croyant à tort que des rideaux et une distance de quelques mètres protégeront les malades vulnérables. Les médecins et les infirmières continuent à ne pas porter d'EPI adéquats, alors qu'iels développent des COVID longs à des taux élevés et qu'iels doivent faire face à une surpopulation hospitalière ingérable dans le monde entier. Enfin, et c'est peut-être le plus grave, le public s'est laissé bercer vers l'acceptation et a été encouragé à croire que le COVID ne pouvait tout simplement pas être contrôlé. Ignorant que les protocoles mis en œuvre en 2020 étaient manifestement incorrects en termes d'atténuation et d'élimination, le refrain défaitiste résonne partout : « Le COVID est parti pour rester, il n'y a rien que nous puissions faire ».
L'OMS a la responsabilité de se pencher sérieusement sur la science du contrôle des infections aéroportées et de formuler des recommandations qui réduisent la propagation des maladies aéroportées - et non des recommandations qui cherchent plutôt à minimiser son propre embarras et sa propre responsabilité.
Publication originale (24/04/2024) :
The Gauntlet