Contrôle de la qualité de l'air | John Kazior
L'air, l'eau, la nourriture, le logement et le droit à la vie sont fondamentalement interdépendants - et ces droits deviennent de plus en plus précaires à mesure que l'artificialité de nos espaces de vie creuse le fossé du bien-être entre les riches et les autres. Les services de données sur la qualité de l'air et les champion·es du bien-être technologique insistent sur le fait que le travail qu'iels effectuent pour l'immobilier haut de gamme profitera à tous·tes. Bien que leurs améliorations soient confinées à l'environnement hypercontrôlé des maisons, hôtels et bureaux de luxe, nous sommes censé·es croire que, d'une manière ou d'une autre, l'air pur s'infiltrera et atteindra également les pauvres.
John Kazior est un critique et un illustrateur américain basé à Malmö, où il écrit sur les nombreuses créatures enchevêtrées dans l'infrastructure de la ville. Il est rédacteur en chef du magazine The Drift et a écrit sur l'écologie et le design dans le contexte de la crise climatique pour MOLD Magazine, The American Institute For Graphic Arts, The Baffler, etc.
· Cet article fait partie de notre dossier Air du 21 août 2022 ·
Vous avez besoin d'air pur. Vous avez été retenu·e à l'intérieur, et l'air est vicié. Manger, dormir, travailler, nettoyer, socialiser, parler, penser, lire, regarder, être. Oui, pour votre propre bien, vous devez sortir faire une promenade de temps en temps. Un tour dans le parc ou dans le quartier, ça fera des miracles pour vous vider la tête. Par la fenêtre, les choses ont l'air d'être comme d'habitude, un jour normal - pandémiquement normal, du moins en ville, et le temps clair ne rend pas cette décision difficile. Pourtant, vous jetez un coup d'œil à votre application météo pour évaluer ce que vous devez porter. Vous ouvrez peut-être aussi votre application qui renseigne sur la qualité de l'air, juste au cas où. L' évaluation " insalubre" pour votre quartier vous fait réfléchir.
Si vous faites partie des 24 millions d'Américain·nes qui souffrent d'asthme, vous avez de bonnes raisons de vous inquiéter. Vous êtes peut-être aussi au courant du lien entre la pollution atmosphérique et le risque accru de décès du Covid-19. Ou du risque accru de maladie cardiaque et d'insuffisance respiratoire lié à la pollution atmosphérique. Ou peut-être que l'idée de respirer un air " insalubre " ne vous semble plus si rafraîchissante. Alors, au lieu de cela, vous regardez la surface vitrée de votre thermostat Nest et réglez la pièce à une température confortable. Vous demandez à Alexa de régler les lumières à un niveau qui convient mieux à votre humeur. Enfin, vous faites appel à l'application de contrôle de Live Air - ou Molekule, Cube, Blueair ou tout autre système intelligent de purification de l'air disponible sur le marché - pour vous assurer que vous n'avez pas à craindre l'air que vous respirez.
Dans votre maison intelligente équipée de ces accessoires Wi-Fi, vous êtes immergé·e dans la certitude sensorielle que, si le monde extérieur peut être inhospitalier pour les personnes souffrant d'asthme, même léger, ou de problèmes cardiovasculaires ou respiratoires, ici, dans l'espace que vous possédez ou louez, vous contrôlez la circulation de l'air. Et vous êtes, peut-être, plus en sécurité que vous ne l'avez jamais été dans cette cuvette pleine de smog et de gaz d'échappement qu'est la ville.
Depuis l'édification des cheminées malveillantes de l'industrie, l'air urbain a été assailli par des émanations de particules. Il est à ce titre révélateur que la première grande loi de réglementation environnementale adoptée aux États-Unis ait été le Clean Air Act, qui visait à répondre directement au déclin de la respirabilité de l'air urbain. Pourtant, du fait des émissions incessantes des industries de l'automobile et de l'énergie, et de l'affaiblissement continu des mesures de responsabilité environnementale par les lobbyistes industriels, un air véritablement pur - et un climat habitable pour tous·tes - n'ont jamais été à l'ordre du jour.
Heureusement pour vous, il n'y a apparemment aucune limite au nombre de systèmes de surveillance de l'air haut de gamme disponibles aujourd'hui ; cette technologie peut encore vous délivrer de l'avenir de plus en plus emfumé de votre ville. Si, bien sûr, vous en avez les moyens. Dans tout intérieur à la portée du capital vert, dans les maisons, les appartements, les voitures, les hôtels et les bureaux, vous pouvez être sûr que de l'air pur circulera. Pas seulement de l'air pur, mais, grâce à notre génération d'entrepreneur·euses innovant·es, de l'air optimisé, maximisant le "bien-être" du la consommateur·ice par la collecte de données ciblées. Tant que vous êtes un·e consommateur·ice actif·ve de ces systèmes intelligents (qui sont enchevêtrés dans des réseaux de surveillance à grande échelle), vous n'avez pas à vous inquiéter.
Pourtant, au-delà de ces frontières intelligentes, vous avez raison de vous méfier. Selon une étude publiée dans le numéro de septembre 2020 de la revue Cardiovascular Research, la pollution atmosphérique constitue une menace importante pour la vie humaine dans le monde entier - rivalisant avec les effets du tabagisme et dépassant de loin la menace de la "violence généralisée". En raison de l'omniprésence des fumées secondaires des combustibles fossiles, près de 7 millions de personnes meurent chaque année de la pollution atmosphérique. Cette étude révèle également qu'au cours des dernières années, la qualité de l'air aux États-Unis a diminué. Dans de nombreuses communautés urbaines de pays qui bénéficient apparemment d'un air pur, les émissions nocives persistent en quantités mortelles. Les processus industriels toxiques ont également été exportés vers les pays les plus pauvres, et l'atmosphère transporte leurs émissions dans le monde entier.
En 2013, Ella Adoo-Kissi-Debrah, une habitante de Londres âgée de neuf ans, est morte d'une crise d'asthme induite par l'exposition à des niveaux élevés de NO2 - une émission urbaine dangereuse mais commune, dont sont principalement responsables les véhicules à carburant et les centrales électriques. Au Royaume-Uni, il est clairement établi que des dizaines de milliers de décès prématurés sont causés par l'air toxique chaque année, mais ce n'est qu'en 2020 qu'un tribunal a officiellement attribué un décès à la pollution : celui de Kissi-Debrah, neuf ans. Depuis les années 1850, l'air contaminé à Londres et au Royaume-Uni accable les travailleur·euses pauvres, avec des effets le plus souvent dévastateurs. Le "grand smog" londonien de 1952, causé par les émissions industrielles et l'utilisation accrue de charbon par les consommateur·ices, a entraîné 4 000 décès en moins d'une semaine. Cependant, jamais auparavant la pollution de l'air n'avait été désignée aussi explicitement comme une cause directe de décès par l'État.
La décision du tribunal n'a été rendue possible que par la mère d'Ella, Rosamund Adoo-Kissi-Debrah, qui milite inlassablement pour une prise en compte plus sérieuse de la menace de la pollution atmosphérique, qui touche aujourd'hui plus gravement les quartiers marginalisés de la ville. Dans une tribune publiée dans The Guardian, Anjali Raman-Middleton, l'une des camarades d'Ella et fondatrice du groupe de défense de l'environnement par les adolescent·es Choked Up, a écrit :
"L'air pur est une base de la santé, mais trop souvent, les enfants des villes du Royaume-Uni sont exposé·es quotidiennement à des niveaux de pollution insalubres. Et ce sont les personnes de couleur, comme moi et Ella, qui sont les plus susceptibles de vivre dans des zones polluées et de voir leur santé affectée par l’air toxique. Cette décision de justice démontre clairement que la pollution de l'air nous tue - et ne laisse aucune place aux politicien·nes ou au lobby automobile pour prétendre que les impacts de l'air toxique ne sont pas clairs."
Dans les métropoles contemporaines, cette situation environnementale n'est pas exceptionnelle. Selon une étude réalisée en 2020 par l'American Lung Association, 150 millions d'Américain·nes, soit plus de 45 % de la population, "vivent dans des comtés qui présentent une pollution par l'ozone ou les particules insalubre". La même année, Toyota et Daimler AG se sont vu imposer de lourdes amendes par le ministère de la justice pour avoir enfreint la loi sur la qualité de l'air en falsifiant les rapports sur leurs émissions de NO2. Les infractions des entreprises sont endémiques chez les principaux constructeurs automobiles du pays, comme l'a illustré de manière flagrante le célèbre scandale de la fraude aux émissions de Volkswagen. Si la pollution atmosphérique n'est pas exclusivement un phénomène urbain, les concentrations les plus mortelles de particules fines et d'ozone se trouvent dans les grandes villes les plus peuplées.
Pour ne rien arranger, en 2018 et 2020, des incendies record dans l'ouest des États-Unis ont recouvert des villes déjà polluées d'une brume orange et sinistre, alourdissant ainsi le bilan dramatique du coronavirus et faisant basculer les villes de l'Ouest vers les pires indicateurs de qualité de l'air de la planète. Un quart de la population des sans-abri du pays vit sur la côte ouest. Les églises, les centres communautaires, les bibliothèques et un nombre insuffisant de refuges "d'air frais" ont ouvert leurs portes à des milliers de citadin·nes pauvres, qui n'avaient nulle part où aller pour échapper à l'atmosphère suffocante.
Les incendies et la fumée qu'ils ont produite ont démontré de manière spectaculaire à quel point la pollution atmosphérique peut être dévastatrice. En même temps, ils ont mis en évidence l'effet de l'autre polluant le plus préoccupant, le carbone, et son rôle central dans la crise climatique. La pollution par l'ozone étant également connue pour réchauffer le climat (tout comme le dioxyde de carbone noir provenant des incendies et de la combustion et de nombreuses autres particules), la pollution atmosphérique urbaine est une crise mondiale à la fois distincte et liée à la précipitation du changement climatique. Le coût humain le plus direct est observé dans les villes, du fait des maladies pulmonaires et cardiaques, mais le coût indirect des émissions atmosphériques urbaines se fait sentir partout.
Il n'est pas nécessaire qu'il y ait une forêt en feu pour que vous goûtiez aux toxiques. Ella Adoo-Kissi-Debrah l'a fait toute sa vie. Il en va de même pour les masses urbaines qui résident dans des espaces où s'accumulent les eaux de ruissellement provenant de sociétés de transport, d'énergie et d'aménagement du territoire polluantes. Avec l'augmentation de la pollution de l'air dans les villes du monde entier et les injustices qui en résultent pour les populations urbaines marginalisées, la recherche d'une maison saine et la définition de ce que nous pouvons considérer comme un "espace habitable" deviennent de plus en plus complexes.
Pour échapper à l'exposition aux fumées souvent invisibles de la modernité urbaine et aux atmosphères anthropisées indissociables de la vie citadine, quatre murs et un toit ne suffisent pas.
Naturellement, les industriels y ont vu une opportunité et ont mis en place des solutions technologiques de pointe pour améliorer la qualité de l'air, sous forme de produits de luxe. Vous seriez surpris d'apprendre que le problème de la qualité de l'air urbain a, pour certain·es, été résolu par les mêmes entreprises innovantes des secteurs de l'automobile, de l'immobilier et de l'énergie qui ont contribué à la fois à la construction et à l'empoisonnement de nos zones métropolitaines qui font tousser.
S'engageant sur ce marché en plein essor, Volvo a dévoilé l'année dernière un système avancé de purification de l'air à l'intérieur de ses voitures, afin de protéger les automobilistes contre les particules extérieures nocives que, bien entendu, leurs voitures produisent simultanément. Mais à l'avant-garde du secteur de l'air purifié se trouve une société appelée Delos qui, pour stimuler ses ventes, a tenté d'attirer davantage l'attention sur l'impact des facteurs environnementaux sur la vie en intérieur. Dirigée par Paul Scialla, ancien associé de Goldman Sachs, Delos est fière de son conseil d'administration qui comprend, entre autres, l'acteur Leonardo DiCaprio, le leader de la "pleine conscience" Deepak Chopra et l'ancien membre du Congrès et leader de la majorité à la Chambre des représentants Dick Gephardt. Delos, ainsi nommée en référence à l'île grecque où Apollon serait né, s'efforce depuis 2009 de déifier la vie dans l'air pur par le biais de sa soutenabilité et du "bien-être". Commercialisant un programme spécialisé de certification immobilière "WELL" auprès des sièges sociaux, des exploitant·es d'hôtels et de centres de villégiature et d'autres entreprises, la société a certifié plus de 5 000 projets dans 66 pays différents.
Grâce à des client·es comme Microsoft, les New York Yankees, MGM, le Vatican et d'innombrables promoteur·ices, Delos, évalué à 800 millions de dollars en 2019, a effectivement créé un empire à but lucratif en faisant de l'air et de l'eau salubres des marchandises - des ressources dont certain·es pourraient dire qu'elles relèvent des droits humain fondamentaaux. Mais la vision de Delos évite ces notions archaïques et nous donne les faits : vivre avec un air et une eau urbaines polluées est simplement le choix insalubre de cell·eux qui ne sont pas prêt·es à investir dans la science du bien-être. Outre le soutien de célébrités et les contrats d'entreprise de haut niveau, ce qui rend Delos si bien équipée pour faire de l'air pur un bien immobilier de luxe, c'est son utilisation des technologies intelligentes et du suivi des données. La société promet de faire circuler de l'air frais - tempéré, filtré et traité aux ultraviolets - dans votre penthouse, qui sera sécurisé par un joint étanche afin de ne pas être infiltré par l'air le plus pollué des États-Unis. L'application et l'interface de maison intelligente de Delos s'appelle, apparemment sans ironie, "Darwin". Pour des milliers de dollars, Darwin offre aux propriétaires une analyse hyperlocalisée en temps réel de l'air, de l'eau, de la lumière et d'autres conditions environnementales dans leur maison.
La certification WELL de Delos est l'une des nombreuses entrées dans le domaine de la certification durable, comme le label LEED Green Buildings à but non lucratif (sur lequel la certification WELL a été modelée) et Fitwel, soutenu par le CDC. Ces mesures ne sont pas destinées à servir les pauvres - cell·eux qui sont le plus touché·es par la pollution atmosphérique. Au contraire, ils sont conçus non seulement pour attirer les projets de développement dans une optique de rentabilité financière et de rendement des ressources, mais aussi pour donner l'impression que la croissance sans entrave de projets colossaux et énergivores peut en fait être durable. La valeur perçue d'un bâtiment doté de telles certifications, et de l'air pur qu'il contient, augmente proportionnellement à la toxicité de l'air extérieur. Delos, et les nombreux autres systèmes de bien-être à domicile qui donnent aux consommateur·ices un aperçu sophistiqué, alimenté par des données, de l'air qu'iels respirent chaque jour, misent sur le fait que votre ville est de plus en plus polluée.
Même si elles ne sont pas aussi explicites que d'autres manifestations du capitalisme du désastre, ces entreprises appliquent le même calcul moral. Malgré cela, les services de données sur la qualité de l'air et les champion·es du bien-être technologique insistent sur le fait que le travail qu'iels effectuent pour l'immobilier haut de gamme profitera à tous·tes. Bien que leurs améliorations soient confinées à l'environnement hypercontrôlé des maisons, hôtels et bureaux de luxe, nous sommes censé·es croire que, d'une manière ou d'une autre, l'air pur s'infiltrera et atteindra également les pauvres. Delos n'a pas tardé à profiter de la pandémie de Covid-19 pour réaffirmer l'importance de l'air pur. D'autres initiatives de bien-être immobilier, comme Location Ventures et Troon Pacific, ont prétendu que leurs actions étaient liées à l'impact croissant du changement climatique, mais il est clair qu'elles ne visent que la poursuite du profit.
La construction d'un nouveau marché sur la promesse d'un profit privé tiré des données n'a pas grand-chose à voir avec la création d'une véritable "solution" au problème de la dégradation de la qualité de l'air dans les villes des États-Unis. Delos, Fitwel et les projets de développement propres et certifiés verts sont en grande partie le résultat des nouvelles opportunités rendues possibles par les technologies intelligentes et l'explosion de nouveaux actifs de valeur portés par l'économie des données. Grâce à ces développements en matière de surveillance et de suivi, tout espace doté d'une connexion Wi-Fi et d'un capteur intelligent peut être analysé et évalué pour y déceler des dangers potentiels, à atténuer avec une solution coûteuse. En fin de compte, cette amélioration de la qualité de vie proposée à un nombre croissant de foyers et d'entreprises met en évidence l'échec des gouvernements dans la lutte contre la pollution atmosphérique urbaine.
Un nombre croissant de villes désireuses de devenir "intelligentes" installent des capteurs pour surveiller les niveaux d'ozone, de pollen, de particules, la température ambiante, la vitesse et la direction du vent, la pression atmosphérique, les niveaux de précipitations et de nombreux autres facteurs environnementaux liés à la qualité de l'air. Pourtant, les cas où ces dispositifs sont effectivement utilisés pour informer et responsabiliser le grand public contre la pollution de l'air, s'ils ne sont pas inexistants, sont rares. Comme l'écrit Adam Greenfield dans son livre Radical Technologies : The Design of Everyday Life, "C'est un endroit où l'instrumentation du tissu urbain, et de toutes les personnes qui se déplacent dans la ville, est motivée par le désir de parvenir à une utilisation plus efficace de l'espace, de l'énergie et des autres ressources. Si l'ambition sous-jacente à l'instrumentation du corps est une maîtrise nominale de soi, et celle de la commodité de la maison, l'ambition au cœur de la ville intelligente n'est autre que le contrôle."
Disposer d’un moyen de surveiller et de faire connaître l'IQA est nécessaire pour quiconque vit dans une grande ville aujourd'hui. Il est impératif pour votre santé à court et à long terme de disposer d'une application IQA ou d'une information localisée sur les niveaux de pollution dans votre quartier. Pour la majorité des citadin·es, l'idée d'un système de surveillance coûteux pour leur maison et leur lieu de travail est un fantasme lointain, voire irréalisable, mais l'air des villes n’en demeure pas moins toxique et risque d'empirer. Alors que les magnats de l'immobilier, en collaboration avec des organismes de santé privés et publics, s'efforcent d'établir des normes plus strictes en matière d'"air sain", accessibles principalement aux riches, rien ou presque n'est fait pour endiguer l'avalanche de facteurs qui ont contribué à cette crise en premier lieu. La production de carbone, la croissance des infrastructures de combustibles fossiles, la fumée caustique provenant de la multiplication des incendies, les gaz d'échappement des véhicules privés, les fuites de méthane non colmatées, le réchauffement des températures et l'absence totale d'obligation de rendre des comptes en cas de violation des normes d'émission - tout cela n'a aucune importance pour les principaux·les acteur·ices du marché qui promettent de fournir de l'air pur grâce à des technologies et des modèles intelligents.
L'air, l'eau, la nourriture, le logement et le droit à la vie sont fondamentalement interdépendants - et ces droits deviennent de plus en plus précaires à mesure que l'artificialité de nos espaces de vie creuse le fossé du bien-être entre les riches et les autres. Vous avez peut-être la chance d'avoir votre propre système intelligent dans votre maison certifiée Delos WELL, avec un réseau Google ou Amazon intégré surveillant votre environnement à tout moment, mais ce sentiment de contrôle sur votre espace a un prix que la grande majorité de l'humanité ne pourrait jamais se permettre. Sous le capitalisme, la santé est une conséquence de la richesse. Dans votre propre sphère privée, l'air peut être soigneusement surveillé, calibré et optimisé. À l'extérieur, dans la ville qui vous entoure, les pauvres respirent une atmosphère qui s'épaissit avec le carbone, l'ozone, le NO2 et d'interminables panaches de particules - un miasme émis par la même architecture de profit privé qui a rendu possible votre climat hermétique de bien-être et de contrôle.
Publication originale (03/02/2022) :
Protean Magazine
· Cet article fait partie de notre dossier Air du 21 août 2022 ·